• 11 septembre 2024 7h16

Miadé Bé Nou

Traditions, Cultures ancestrales et Actualités du Togo, d'Afrique et du Monde

« 50e anniversaire en 2025, loin de nous rassurer, la CEDEAO semble s’enfoncer davantage dans ses contradictions et ses incohérences. » (Vidéo) Dixit Ekoué David DOSSEH

ByAristo

Août 27, 2024

Lors du Sommet Citoyen Ouest Africain (SCOA) qui s’est ouvert hier et qui aborde des thèmes cruciaux tels que la bonne gouvernance, l’alternance et la démocratie dans la région, le professeur David Ékoué Dosseh a prononcé un discours inspirant et profondément réfléchi ce mardi 27 août 2024. Dans son intervention, le professeur Dosseh a mis en lumière la crise existentielle à laquelle de nombreux pays font face actuellement, tout en offrant une vision claire et optimiste pour une résilience démocratique.

Le discours du professeur Dosseh est un appel à l’action et à la réflexion, exhortant les citoyens et les dirigeants de la région à travailler ensemble pour surmonter les défis actuels et à forger un avenir plus stable et prospère pour tous. En mettant l’accent sur la nécessité de renforcer les institutions démocratiques, de promouvoir la transparence et l’obligation de rendre des comptes, le professeur Dosseh a souligné l’importance cruciale de la participation citoyenne dans la création d’une société plus juste et équitable.

Dans un contexte régional où de nombreux pays sont confrontés à des défis économiques, politiques et sociaux, le discours du professeur Dosseh offre un éclairage précieux sur la voie à suivre pour bâtir des sociétés démocratiques et résilientes. En appelant à la solidarité, à la tolérance et à la coopération entre les différentes communautés et nations ouest-africaines, le professeur Dosseh invite chacun à contribuer à la construction d’un avenir commun basé sur des valeurs de paix, d’égalité et de justice.

En conclusion, le discours du professeur David Ékoué Dosseh lors du SCOA est non seulement une invitation à la réflexion, mais aussi un appel à l’action en faveur d’une démocratie renforcée et d’une région ouest-africaine plus résiliente et unie.

VOICI L’INTEGRALITE DU DISCOURS DU PROFESSEUR DAVIS EKOUE DOSSEH:

Mmes et messieurs, chers amis
Aujourd’hui s’ouvre à Accra la 3e édition du Sommet Citoyen Ouest Africain sur la bonne gouvernance, l’alternance et la démocratie, sommet précédé hier du forum des jeunes (je crois que nous étions tous émerveillés par la qualité des prestations de cette jeunesse consciente et engagée) et le Comité d’Organisation est particulièrement honoré de votre présence dans cette salle de conférence du Hillview Guest Center. Dix des 15 pays membres de notre institution régionale sont ici représentés dont les pays de l’AES (j’ai cité : le Bénin, le B Faso, la CI, la Guinée, le Ghana, le Mali, le Niger, le Nigéria, le Sénégal le Togo) et nous avons également le plaisir et l’honneur d’accueillir des participants venus d’au-delà des frontières de la CEDEAO (notamment du Kenya, de France d’Espagne). Nous vous souhaitons à tous une chaleureuse bienvenue.


Après Lomé en 2017 et Cotonou en 2021, Accra devient la 3e capitale de la région à accueillir le SCOA sur la bonne gouvernance, l’alternance et la démocratie, un événement marquant la volonté des citoyens de se servir de la synergie et de la force de leur action commune pour faire avancer la cause des peuples et des communautés sur les questions cruciales que sont la bonne gouvernance, l’alternance et la démocratie.


Avant de poursuivre, permettez-moi de remercier nos frères et sœurs du Ghana de nous avoir accueillis sur cette belle terre africaine qui fait notre fierté. Nous voulons remercier nos partenaires Pain Pour Le Monde, le Comité catholique contre la faim et pour le développement terre solidaire CCFD et le NDI qui ont soutenu la tenue de cette assise. Merci du fond du cœur pour leur constante disponibilité.


Mmes et messieurs, bientôt notre institution communautaire va fêter ses 50 ans. Un demi-siècle d’histoire marqué par des réussites et surtout l’espoir de voir l’Afrique de l’Ouest être à l’avant-garde des avancées démocratiques sur le continent. En juin 2007, un tournant décisif semblait même amorcé avec l’annonce de la VISION 2020, celle de la CEDEAO des peuples. L’ambition était de créer une région sans frontières, pacifique, prospère fondée sur la bonne gouvernance et centrée sur l’épanouissement des populations.

En 2020, il fallut malheureusement déchanter, la vision de la CEDEAO des peuples n’était qu’un slogan, une vaine promesse. Cette promesse sera reprise dans la vision 2050 et à quelques mois de son 50e anniversaire en 2025, loin de nous rassurer, la CEDEAO semble s’enfoncer davantage dans ses contradictions et ses incohérences.

La CEDEAO présente aujourd’hui le visage d’un navire à la dérive, dont les 15 capitaines, au lieu de tenir la barre pour orienter la direction, tiennent fermement la porte de leur cabine pour empêcher quiconque d’entrer et de mettre en péril leur autorité. Alors ne nous étonnons pas si l’hégémonie et la puissance démesurée de la conférence des chefs d’état et de gouvernement, seul organe décisionnel à la CEDEAO entrave la marche vers la prise en compte des aspirations populaires ; et le résultat est là, devant nous, implacable, impitoyable :


La CEDEAO est fragilisée par l’annonce du retrait de 3 pays de la nouvelle alliance des états du sahel
La CEDEAO est fragilisée par la recrudescence des coups d’états militaires et sa propension à confondre sanctions et punition collective comme ce fut le au Mali et surtout au Niger
Elle est fragilisée par son incapacité à apporter une réponse à la pandémie des coups d’étatsconstitutionnels et électoraux comme au Togo, ou en Guinée sous Alpha Condé ou encore en Côte d’Ivoire
Elle est fragilisée par son incapacité à enrayer la volonté des dirigeants de s’accrocher au pouvoir indéfiniment et contre la volonté de leurs peuples
Elle est fragilisée par son impuissance à sanctionner ces chefs d’état ou de gouvernement, coupables de violer ses propres règles, en l’occurrence les principes de convergence constitutionnelle et les principes de démocratie et d’État de droit.

Son incapacité chronique à répondre efficacement aux nombreuses crises de gouvernance dans la région sapent sa crédibilité.


Pourtant, il n’est pas encore tard et il y a encore la possibilité d’une vraie transformation structurelle de notre institution. Nous croyons qu’il est possible de procéder à une vraie réforme, majeure, indispensable si la volonté est de perpétuer la CEDEAO et d’en faire une institution tournée vers, je cite « une communauté de peuples pleinement intégrée dans une région paisible, prospère avec des institutions
fortes et respectueuses des libertés fondamentales et œuvrant pour un développement inclusif et durable ». fin de citation. Au cœur de cette vision exprimée pour 2050 réapparait le slogan : « la CEDEAO des peuples : paix et prospérité pour tous ».

Nous disons que la vision de la CEDEAO des peuples ne peut plus faire l’économie d’une réforme majeure, en profondeur. Elle ne doit pas céder au chantage ou au diktat de régimes souhaitant une réforme à minima pour se maintenir, une réforme de compromission limitant les pouvoirs des chefs d’Etat tandis que les chefs de gouvernement pourraient sans limite continuer à perpétuer la dérive du navire.

C’est l’enseignement principal à tirer du coup d’état constitutionnel au Togo. Si la CEDEAO cède et fait le choix d’une réforme à minima, je prends le pari que tous les régimes autocratiques emboiteront alors les pas au Togo et deviendront des régimes parlementaires. Pour se perpétuer indéfiniment.

Notre espoir d’une CEDEAO tournée vers les aspirations des peuples doit se nourrir de notre volonté de lutter et d’apporter notre pierre à l’édification de cette Afrique prospère, épanouie qui prend son envol sur les ailes de la démocratie, les ailes de l’Etat de droit, du respect des libertés, de la bonne gouvernance et de l’alternance démocratique, une Afrique qui s’éloigne résolument et définitivement des ténèbres
de la dictature et des fléaux de la mal gouvernance.

Nous y croyons fermement. Car c’est encore possible. Vive l’Afrique, vive le SOMMET CITOYEN OUEST AFRICAIN sur la bonne gouvernance, l’alternance et la démocratie pour que vive la CEDEAO des peuples.


Je vous remercie

By Aristo