Le 8 mars, Journée Internationale des Droits des Femmes, est l’occasion de rendre hommage à toutes les femmes, mais particulièrement à celles dont la voix est souvent reléguée au second plan : les femmes rurales. Pourtant, ces femmes sont les véritables bâtisseuses de l’Afrique, garantes de la sécurité alimentaire, gardiennes des savoirs ancestraux et actrices clés du développement durable.

Dans un continent où l’agriculture représente plus de 60 % des emplois, la femme rurale incarne à la fois la résilience et le sacrifice. Mais alors, pourquoi est-elle encore marginalisée ? Quels sont les défis auxquels elle fait face et quelles solutions pour lui assurer une meilleure reconnaissance et des conditions de vie plus dignes ?
La Femme Rurale, une Actrice Incontournable du Développement
Un Rôle Économique Majeur
La femme rurale joue un rôle fondamental dans l’économie africaine. Elle est agricultrice, commerçante, artisane et parfois même cheffe d’entreprise. Selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture), les femmes assurent près de 80 % de la production agricole en Afrique subsaharienne. Elles cultivent la terre, élèvent du bétail et s’occupent du stockage et de la transformation des produits agricoles.
Sans elles, l’Afrique ne pourrait pas nourrir ses populations. Pourtant, elles n’ont souvent pas accès aux ressources essentielles pour améliorer leur productivité : terres agricoles, crédits bancaires, formations techniques, outils modernes.
Un Pilier Social et Culturel
Au-delà de l’économie, la femme rurale est aussi la gardienne des traditions et des valeurs culturelles africaines. Elle transmet les savoirs et savoir-faire ancestraux à travers l’artisanat, la médecine traditionnelle et les pratiques agricoles durables.
Dans les villages, elle est également la première éducatrice des enfants, jouant un rôle essentiel dans la transmission de la langue, de l’histoire et des valeurs communautaires.
Une Résilience face aux Défis Climatiques
Les changements climatiques affectent durement les zones rurales africaines. Sécheresses prolongées, inondations, appauvrissement des sols : autant de défis qui rendent l’agriculture de plus en plus difficile.
Face à cela, les femmes rurales s’adaptent en développant des pratiques agricoles résilientes, en diversifiant leurs cultures et en s’engageant dans des initiatives d’agroécologie. Cependant, elles restent sous-représentées dans les instances décisionnelles sur l’environnement et ne bénéficient pas de formations adaptées aux nouveaux enjeux écologiques.
Les Défis Majeurs des Femmes Rurales
Un Accès Limité aux Terres et aux Ressources Financières
Dans plusieurs pays africains, moins de 15 % des propriétaires terriens sont des femmes. Elles cultivent la terre, mais n’en sont pas propriétaires, ce qui les empêche d’investir sur le long terme ou d’accéder à des crédits bancaires.
Les traditions patriarcales et certaines législations continuent de restreindre l’accès des femmes rurales à la propriété foncière. Ce manque de reconnaissance juridique freine leur autonomie et leur capacité à améliorer leurs conditions de vie.
Une Charge de Travail Accablante
En plus de leur travail agricole, les femmes rurales assument l’essentiel des tâches domestiques : s’occuper des enfants, aller chercher l’eau et le bois, préparer les repas, entretenir la maison.
Cette double charge, souvent non reconnue, limite leur temps disponible pour s’instruire, entreprendre ou participer à la vie communautaire.
Un Accès Insuffisant à l’Éducation et à la Formation
L’analphabétisme est un frein majeur à l’émancipation des femmes rurales. Selon l’UNESCO, plus de 60 % des femmes rurales africaines ne savent ni lire ni écrire.
Sans éducation, elles sont plus vulnérables à l’exploitation, au travail précaire et aux mariages forcés. De nombreuses jeunes filles des zones rurales sont contraintes d’abandonner l’école pour aider leurs familles, limitant ainsi leurs perspectives d’avenir.
Une Vulnérabilité face aux Violences et aux Injustices
Les violences basées sur le genre sont une réalité dans de nombreuses communautés rurales. Mariages précoces, violences domestiques, discriminations économiques et sociales : autant de fléaux qui freinent l’épanouissement des femmes rurales.
Le manque d’infrastructures adaptées (centres de santé, services d’aide aux victimes, accès à la justice) rend encore plus difficile leur protection et leur autonomisation.
Quelles Solutions pour Autonomiser la Femme Rurale ?
L’Accès aux Terres et aux Financements
Il est crucial que les gouvernements africains adoptent des réformes foncières garantissant aux femmes un droit égal à la propriété et à l’héritage.
De plus, les banques et institutions financières doivent développer des mécanismes de microcrédit adaptés aux femmes rurales, leur permettant d’investir dans des semences améliorées, du matériel agricole ou des projets entrepreneuriaux.
L’Éducation et la Formation
L’éducation est la clé de l’émancipation. Il est essentiel de :
- Multiplier les écoles en zones rurales et encourager la scolarisation des filles.
- Développer des programmes de formation en alphabétisation, gestion financière, agriculture durable et entrepreneuriat.
- Favoriser l’apprentissage des nouvelles technologies, permettant aux femmes rurales de mieux vendre leurs produits sur les marchés locaux et internationaux.
La Réduction de la Charge de Travail Domestique
L’accès à des infrastructures de base (eau potable, électricité, crèches communautaires) permettrait aux femmes rurales d’alléger leur fardeau domestique et de se consacrer à des activités économiques et éducatives.
L’Engagement Politique et Associatif
Il est temps que la femme rurale ait une place dans les instances décisionnelles locales, nationales et internationales. Des quotas de représentation féminine dans les conseils ruraux, les coopératives agricoles et les gouvernements peuvent contribuer à changer la donne.
La Lutte Contre les Violences et les Discriminations
Des lois plus strictes doivent être mises en place pour protéger les femmes rurales contre les violences et leur garantir un accès à la justice. Les ONG et les organisations de défense des droits des femmes ont aussi un rôle clé à jouer dans la sensibilisation et l’accompagnement des victimes.
Le 8 Mars : Une Célébration, mais Aussi un Appel à l’Action
Le 8 mars ne doit pas être qu’une journée de célébration symbolique. C’est une occasion de mettre en lumière les réalités des femmes rurales et d’exiger des changements concrets pour améliorer leurs conditions de vie.
Célébrer la femme rurale, c’est reconnaître son travail, ses sacrifices et son rôle essentiel dans le développement de l’Afrique. Mais c’est aussi s’engager à lui donner les moyens de s’émanciper et d’accéder aux mêmes opportunités que les autres citoyens.
L’avenir de l’Afrique repose sur ces femmes, et il est temps que leurs droits, leur dignité et leur potentiel soient pleinement reconnus.
Dimitri AGBOZOH-GUIDIH
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