Chaque année, le 8 mars marque la Journée internationale des droits des femmes, une date symbolique célébrée à travers le monde. Instituée pour mettre en lumière les luttes pour l’égalité, les avancées et les défis persistants, elle est devenue un moment incontournable dans l’agenda des organisations, des gouvernements et des mouvements féministes.
Mais au fil des ans, une question se pose : cette journée est-elle toujours un moment de réflexion sur les droits des femmes ou est-elle en train de se transformer en simple occasion festive, vidée de son essence militante ?
À travers cet article, nous explorons les origines du 8 mars, son évolution, ses enjeux en Afrique et la manière dont il est perçu aujourd’hui.
Les Origines du 8 Mars : Une Journée de Combat
Une naissance dans les luttes ouvrières
Le 8 mars trouve ses racines dans les mouvements féminins et ouvriers du début du XXᵉ siècle. C’est en 1910, lors de la Conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague, que Clara Zetkin, militante allemande, propose l’instauration d’une journée annuelle de mobilisation pour les droits des femmes.
L’idée prend de l’ampleur, et le 8 mars 1917, à Petrograd (Russie), des ouvrières déclenchent une grève qui conduit à la chute du tsarisme et à la Révolution russe. En 1977, l’ONU reconnaît officiellement cette journée, l’inscrivant dans le calendrier mondial.
Depuis, elle est devenue un symbole de lutte pour l’égalité des sexes, l’émancipation et la justice sociale.
L’Évolution du 8 Mars : Entre Mobilisation et Déviation Festive
Une journée récupérée ?
Dans de nombreux pays, le 8 mars est devenu une célébration vidée de son essence revendicative.
Dérives commerciales : des marques en profitent pour vendre des produits estampillés « féminins » (fleurs, parfums, promotions sur les soins de beauté).
Réduction de la journée à un événement festif : spectacles, soirées entre femmes, cérémonies où les autorités offrent des cadeaux aux employées, détournant ainsi l’attention des revendications fondamentales.
Discours creux des dirigeants : chaque année, des hommes politiques profitent du 8 mars pour tenir des discours élogieux sur les femmes, sans engagement réel pour l’égalité et la lutte contre les discriminations.
Dans plusieurs pays africains, cette récupération est encore plus marquée. Le 8 mars est parfois réduit à un jour de réjouissances, avec des défilés en pagnes aux couleurs de l’événement, des danses et des banquets, au détriment des revendications urgentes des femmes.
Où en est l’Afrique en matière de droits des femmes ?
Des progrès notables
L’Afrique a connu des avancées significatives ces dernières décennies :
Participation politique accrue : des pays comme le Rwanda, le Sénégal et l’Afrique du Sud comptent parmi ceux ayant le plus de femmes en politique.
Des lois contre les violences de genre : plusieurs nations africaines ont renforcé leur arsenal juridique pour protéger les femmes contre les violences domestiques, l’excision et le harcèlement.
L’essor de mouvements féministes : des collectifs et ONG se battent pour les droits des femmes et influencent les politiques publiques.
Des défis persistants
Cependant, les obstacles restent nombreux :
Inégalités économiques : les femmes africaines sont sous-représentées dans les postes de décision et surexploitées dans le secteur informel.
Violences et discriminations : mariages forcés, excision, harcèlement sexuel, inégalités dans l’accès à l’éducation et à la santé.
Charge mentale et pression sociale : les femmes continuent d’assumer une double responsabilité (travail et gestion du foyer), souvent sans reconnaissance.
Ces défis montrent l’urgence de recentrer le 8 mars sur son rôle initial : une journée de lutte et de mobilisation.
Comment Revaloriser le 8 Mars en Afrique ?
Pour que cette journée retrouve son essence, plusieurs actions sont nécessaires :
Transformer la journée en véritable espace de revendication
Organiser des débats publics sur les avancées et les défis des droits des femmes en Afrique.
Sensibiliser la jeunesse à travers des conférences et des programmes éducatifs.
Impliquer les décideurs politiques et économiques pour des engagements concrets en faveur des femmes.
Dénoncer les récupérations commerciales et festives
Refuser la folklorisation du 8 mars et rappeler qu’il ne s’agit pas d’une journée de célébration, mais d’un moment de lutte.
Mettre en avant les figures féminines qui œuvrent pour le changement, plutôt que des événements superficiels.
Valoriser les femmes africaines engagées
Promouvoir les parcours inspirants de femmes leaders, entrepreneures et militantes.
Encourager les médias à couvrir les vrais enjeux des droits des femmes plutôt que des reportages sur des festivités.
Inscrire les actions au-delà du 8 mars
Un seul jour de lutte ne suffit pas : il est crucial de travailler toute l’année sur des politiques d’égalité.
Les États doivent prendre des engagements concrets, notamment en matière d’accès à l’éducation, de lutte contre les violences et d’autonomisation économique des femmes.
Le 8 Mars, Un Combat Toujours d’Actualité
Le 8 mars ne doit pas être une simple fête où l’on distribue des fleurs et organise des défilés en pagne. C’est une journée de revendication, de réflexion et de lutte pour les droits des femmes.
L’Afrique a encore beaucoup de défis à relever pour garantir l’égalité entre les sexes. Il est donc essentiel de redonner du sens à cette journée en faisant en sorte qu’elle soit un levier de transformation sociale et politique.
Célébrer les femmes, oui, mais lutter pour leurs droits, encore plus.
Dimitri AGBOZOH-GUIDIH
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