Madame la Présidente de l’Assemblée nationale Togolaise,
Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement,
Monsieur le Directeur adjoint du Bureau des Nations-Unies de lutte contre le terrorisme,
Monsieur le Secrétaire général de l’Union Parlementaire Africaine,
Honorables collègues Députés,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais, avant tout propos, présenter ma sincère gratitude à l’Assemblée nationale Togolaise et plus singulièrement à sa Présidente, Madame YAWA DJIGBODI TSEGAN, pour l’accueil chaleureux et fraternel que ma délégation et moi-même avions reçu à notre arrivée dans cette belle ville de Lomé. Je voudrais ensuite saluer et remercier les organisateurs de cette importante rencontre à savoir le Bureau des Nations-Unies de Lutte contre le
Terrorisme, l’Union Parlementaire Africaine et le Conseil de la SHURA de l’État du Qatar.
Chers collègues, pour en arriver à notre conférence, je voudrais, de prime abord, en saluer toute la pertinence dans le contexte particulier qui est celui de la zone sahélienne, gravement perturbée par une guerre aussi meurtrière que sournoise. En effet, aujourd’hui le fait terroriste s’impose à nos États comme un véritable fléau qui n’épargne aucun pan de la société. Las d’en rechercher les origines, nous nous sommes résolus à le combattre avec l’appui bienveillant de nos partenaires habituels.
Nous avons engrangé de nombreuses victoires et la peur panique que les terroristes inspiraient dans nos contrées semble se dissiper progressivement. Dans certains de nos pays, un recul des forces du mal semble même s’amorcer. Pour autant nous devons reconnaître qu’en dépit des coups qui lui sont infligés, le monstre est encore vivant car ayant développé d’importantes capacités de mutation. En effet, la nébuleuse terroriste, malgré les pertes qu’elle subit ici et là, arrive à se régénérer en
changeant de forme et d’approche. Ainsi lorsqu’elle n’arrive pas à conquérir des territoires, elle emprunte les méthodes du grand banditisme faites de rackets, d’attaques à mains armées et d’enlèvements contre rançons.
C’est dire alors que le terrorisme demeure encore une réelle menace qui risque même de traverser les frontières du Sahel. Il est d’autant plus redoutable que jusqu’ici, il avance ‘’masqué’’ car aucun des actes de terreurs qu’il pose n’est sous-tendu de revendications.
Quant à ses conséquences, elles, se vivent au quotidien. C’est notamment la menace sur la paix sociale, c’est cette tension permanente qu’il génère dans nos communautés, c’est l’instabilité pour les institutions de l’État ; mais, c’est surtout un frein puissant au développement avec pour conséquence, l’arrêt de la production agricole dans toutes les zones de la ligne de front, la migration forcée, la migration clandestine, l’aggravation de la pauvreté… Madame la Présidente, ce décor étant planté, il nous faut à présent nous pencher sur la
problématique que constitue le binôme jeunesse et terrorisme. Il me semble qu’il s’agit là, sans doute, d’une piste de solution pour en finir avec le terrorisme. En effet, un constat s’impose : ceux qui portent les armes contre nos compatriotes sont des individus à la fleur de l’âge ! S’ils ne sont pas à l’origine du phénomène, ils en sont le bras armé ! Dès lors, la solution ne consiste-telle pas à leur opposer leurs semblables, bien préparés à les combattre ?
Mais, auparavant, ne faut-il pas s’interroger sur le cheminement qui conduit les jeunes aux graves extrémités auxquelles ils sont arrivés ?
La réponse à cette interrogation n’est pas aisée tant de nombreux paramètres entrent en ligne de compte. Il y a d’abord les défaillances, devenues structurelles, de l’éducation formelle, surtout en milieu rural. Il y a ensuite l’exacerbation de la pauvreté dont découle le développement rapide du chômage des jeunes, aggravé par l’inadéquation entre le croît démographique et celui de l’économie.
A titre illustratif, à l’heure actuelle, au Niger 60% de la population a moins de 18 ans et chaque année, il arrive sur le marché du travail 500 000 nouveaux postulants que l’économie nationale est loin de pouvoir absorber.
En conséquence, d’une année à l’autre, la masse des jeunes sans emploi continue à s’accroître avec le risque pour ces jeunes de devenir sujets à toutes les dérives préjudiciables à l’ordre public. Bien évidemment, tous ces jeunes ne deviennent pas des terroristes ni des délinquants ! Mais, ils demeurent les cibles de toutes les organisations criminelles qui s’adonnent aux trafics illégaux d’armes, de subsistances psychotropes, de personnes humaines. Ainsi, en zone rural il a été observé que les recrues des terroristes sont principalement constituées de jeunes désœuvrés, appâtés par de fausses promesses d’un enrichissement immédiat, avec en prime la bénédiction de Dieu ! Face à cette situation, il revient aux pouvoirs publics de repenser toute la politique relative à la jeunesse. L’approche stratégique devra tenir compte des nouveaux paramètres comme l’important virage des
mentalités induit par la profusion des Technologies de l’Information et de la Communication. En effet, aujourd’hui, grâce au téléphone portable, même les jeunes ruraux habitant les contrées les plus reculées disposent d’une large ouverture sur le monde ce qui impacte considérablement sur leurs rêves et aspirations. Les programmes et projets les concernant se doivent donc d’être plus innovants que par le passé ; il faudrait surtout qu’ils s’appuient sur une meilleure formation à la citoyenneté et un recentrage autour des réalités locales. Me fondant sur tous ces éléments, je pense que la meilleure façon de responsabiliser les jeunes face au terrorisme est d’abord de les préparer mieux à résister aux chants de sirènes des réseaux terroristes qui s’en servent comme des chairs à canon ; Il faudrait que, par une meilleure prise en charge, la jeunesse trouve la force psychologique nécessaire pour se positionner en adversaire résolu du terrorisme et puisse ainsi contribuer à faire échec à ses commanditaires. Il nous faut donc aujourd’hui proposer aux jeunes de vraies alternatives, en les impliquant à tous les niveaux. A cet égard,
l’expérience nigérienne, reposant sur la création d’un Conseil national de la Jeunesse, peut faire école. En effet, les jeune, fédérés à travers ce conseil se sentent davantage considérés et responsabilisés sur toutes les questions les concernant. Ce conseil a aujourd’hui acquis suffisamment de visibilité pour devenir progressivement l’interlocuteur aussi bien écouté par le Gouvernement que par l’Assemblée nationale pour toutes les problématiques se rapportant à la jeunesse.
En plus de ce cadre organisé, il me semble que pour faire des jeunes de meilleurs acteurs, conscients de leurs devoirs dans les combats de notre temps, il nous faudrait agir en amont en nous donnant les moyens d’assurer à nos enfants une éducation adaptée aux besoins de nos sociétés. Il sera certainement nécessaire de revisiter tous les curricula scolaires avec un recentrage sur nos réalités économiques et sociales. Sans doute, sera-t-il indispensable de passer par l’orientation précoce de l’essentiel des écoliers vers la formation professionnelle et réserver l’accès aux études supérieurs aux meilleurs élèves par génération.
Pour les déscolarisés et les jeunes ruraux, des investissements massifs doivent être faits pour développer davantage des filières d’entrepreneuriat adapté à leur condition, avec vocation à réduire l’inactivité et donc la vulnérabilité de la jeunesse. L’objectif, ce faisant, est de réduire les conditions qui conduisent les jeunes au désespoir qui les pousse aux extrémités fâcheuses pour leurs communautés et pour l’État.
A cet égard, je voudrais évoquer, pour m’en féliciter, le rôle de cette expérience nigérienne inédite qu’est le Haut-Commissariat à la restauration de la Paix, autorité autonome qui, avec le concours de l’État et de nos partenaires au développement, conduit des actions de terrains dont l’un des objectifs majeurs est la réinsertion de tous les jeunes en déperdition grâce notamment aux activités à Haute Intensité de Main d’œuvre. Les terroristes repentis, particulièrement issus du monde rural, sont ainsi pris en charge dans le respect de leur dignité. Monsieur le Président, l‘autre action immédiate qui pourrait concourir à faire de la jeunesse un paravent contre le terrorisme, consiste à incorporer aux
Forces de Défense et de Sécurité des jeunes résidant aux abords de la ligne de front. Cette expérience s’est révélée concluante au Niger, face à BOKO HARAM, dans la région de Diffa. En effet, les recrues, connaissant mieux le terrain et l’ennemi qui leur ressemble, se sont révélées très efficaces aussi bien en matière de renseignement que sur le théâtre des opérations.
Monsieur le Président, s’il revient au Gouvernement de prendre directement en charge la problématique ‘’Jeunesse et terrorisme’’, quelle devra alors être la contribution de nos parlements ?
A mon sens, le premier devoir du parlement est de soutenir, sans réserve, les stratégies du pouvoir exécutif en la matière, sans pour autant déroger aux prérogatives constitutionnelles qui sont les siennes. Il devra s’efforcer d’adapter la législation nationale à la situation née des conséquences du terrorisme. Le député pris individuellement doit initier des propositions de loi susceptibles d’inciter les jeunes à mieux intégrer la vie active. Dans le cadre de ses missions de représentation, le parlement se doit d’aller davantage vers la jeunesse à travers des campagne de sensibilisation sur des thématiques portant sur la citoyenneté et le civisme. C’est dans ce cadre que l’Assemblée nationale du Niger poursuit l’expérience du Parlement des Jeunes, véritable creuset de responsabilisation citoyenne précoce. Ces parlementaires juniors, désignés parmi les meilleurs du cycle secondaire reçoivent de l’Assemblée nationale un encadrement reposant sur la connaissance de leur pays, en ses défis comme en ses potentialités. Le résultat final c’est que dans leurs milieux respectifs ils deviennent des modèles, des référents dont on peut s’inspirer !
Dans le cadre de ses prérogatives législatives, le parlement pourrait encourager la prévention des jeunes contre le terrorisme par des allocations approprié de ressources budgétaires au profit de projets structurants qui les impliquent à tous les niveaux. Dans le même ordre d’idée, ils doivent soutenir, à travers le budget, les stratégies nationales et régionales de prévention de l’extrémisme violent et de lutte contre le terrorisme. Par ailleurs, au niveau individuel, l’Assemblée nationale devra inviter instamment chaque député à conduire, dans son environnement immédiat des missions de sensibilisation de la jeunesse pendant les vacances parlementaires.
Monsieur le Président, au niveau multilatéral, à l’échelle sahélienne, le Comité Interparlementaire du G5 Sahel devra se donner les moyens de s’assurer de la pertinence, de la cohérence et de l’impact des projets financés à travers le Programme d’investissements prioritaires que les partenaires au développement ont promis de financer. Il pourrait inciter le Secrétariat exécutif du G5 Sahel à mieux orienter ses activités en direction de la jeunesse.
Monsieur le Président, quant aux rencontres comme celle qui nous réunit aujourd’hui, elles représentent de belles opportunités pour partager les bonnes pratiques d’un pays à l’autre. Elles nous permettent d’élargir nos cibles de plaidoyer en direction de la communauté internationale afin que tous les pays du monde se persuadent que la question terroriste transcende toutes les frontières !
L’autre intérêt de ces rencontres est surtout celui de réaffirmer la nécessité de l’engagement des parlementaires dans la lutte contre le fléau terroriste, engagement qui découle de source car, une guerre au sein des populations ne peut se gagner que par le franc et efficace engagement de ces populations, sensibilisées, encadrées et conseillées par ceux-là même à qui ils ont donné mandat pour les représenter au sommet de l’État.
Monsieur le Président, je n’ai pas vocation à épuiser, notre débat à moi tout seul, je voudrais donc vous remettre la parole en vous remerciant, encore une fois de m’avoir invité dans ce magnifique pays pour prendre part à cette rencontre si importante pour notre sous-région, Les programmes et projets, voire pour le monde entier.
Je vous remercie
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