Pourquoi les chefs d’Etat africains s’accrochent au pouvoir
Tout se déroule dans un climat de violence pour modifier de gré ou de force la Constitution dans presque tous les Etats de l’Afrique noire. Ce qui permettrait aux présidents sortants de briguer de nouveau mandat et ce, au tant de fois qu’ils le veulent. C’est dans cette nomenclature que le pouvoir s’acquiert avec la complicité de l’hexagone dans les pays francophones.
Triste banalité sur le continent ? Même s’ils rempilent, les chefs d’Etats africains seraient toutefois loin des records de longévité au pouvoir dans le monde. Champion en la matière, le pouvoir se traduit
généralement en Afrique, de père en fils, de maître au disciple. De Paul Biya du Cameroun en passant par Alpha Condé de la Guinée et Faure Gnassingbé du Togo, la copie semble être conforme et commune. Comme exemple, le président camerounais a été reçu par cinq présidents français différents à l’Elysée, de François Mitterrand à Emmanuel Macron. Et il a connu neuf présidents nigérians. Sur la troisième marche du podium, le Congolais Sassou Nguesso cumule trente-cinq ans de règne. Voilà à quoi rime le pouvoir en Afrique.
Même si le président ivoirien Alassane Ouattara avait préalablement annoncé sa retraite pour laisser ainsi la place à la jeune garde, c’est sans compter avec la mauvaise foi de ce dernier qui revient à la charge, et qui a d’ailleurs été investi en tant que candidat de son parti aux élections
présidentielles d’octobre 2020. Une candidature qui risque de renouer le pays à de nouvelles émeutes.
Les statistiques confirment que les chefs d’Etat africains passent en moyenne plus de temps au pouvoir que ceux dans le reste du monde. Pourquoi cela ? « Il n’y a pas de fatalité », insiste Gilles Yabi, fondateur de Wathi, un think tank basé à Dakar. Chaque pays a son histoire propre. Les pays africains sont jeunes, de même que leurs institutions. Le profil du premier leader après l’indépendance est déterminant.
Mais il y a aussi quelques constantes. En Afrique, l’accès au pouvoir conditionne encore trop souvent l’accès aux ressources du pays pour le chef d’Etat, ses proches, voire sa région. Voilà pourquoi il est si difficile pour les leaders africains de jouer l’alternance. En Suisse, personne ne s’accroche au pouvoir parce que les avantages financiers ne sont pas aussi décisifs.
Sous un autre angle, l’Afrique est aussi influencée par une diversité de modèles. La démocratie occidentale est à la peine. D’autres acteurs que les anciennes puissances coloniales ont acquis des parts de marché sur le continent. C’est le cas de la Chine, qui propose une alternative autoritaire. En Guinée, c’est plutôt la Russie qui a du poids. On ne peut pas compter sur Moscou pour convaincre le président Alpha Condé de ne pas se représenter. Puisque les intérêts se divergent.
Mais la bonne nouvelle est l’émergence de la société civile africaine. Elle est déterminée à ne pas laisser faire les vieux chefs d’Etat. La mutinerie qui a fait tomber le président Ibrahim Boubakar Keïta et son premier ministre, pourrait faire tache d’huile dans cette région minée par les potentats locaux et les djihadistes qui gagnent du terrain. Elle résonne aussi comme l’incapacité de la communauté internationale à stabiliser le pays. Les vertueux démocrates s’indignent. Condamnent. Réclament des sanctions mais aussi la pendaison haut et court voir la traduction devant la cour pénale internationale (CPI) des acteurs du coup d’Etat survenu mardi au Mali. La CEDEAO montre les muscles et sanctionne déjà. L’Union Africaine a déjà suspendu le pays de toutes ses instances et menace de ses foudres. L’Union Européenne et l’ONU brandissent le bâton et s’étranglent. Au-delà des condamnations, de principe et des gesticulations, pourtant, force est de reconnaître c’est du moins le point de vue du marginal. Que le coup d’Etat survenu le mardi dernier au Mali, était parfaitement justifié. Et s’imposait au vu du blocage que connait ce pays depuis plusieurs semaines. Une crise dont l’élément déclencheur remonte aux dernières élections législatives au Mali au cours desquelles 30 circonscriptions électorales gagnées par l’opposition, ont été attribuées sans autre forme de procès, au parti présidentiel.
Et comme tous les autres chefs d’Etat Africains, IBK se croyant plus dur comme fer, a eu chaud et a annoncé lui-même, sa démission aux yeux du monde entier. Comme quoi, la dictature ne saura perdurer éternellement en Afrique.
Tôt ou tard, tous les chefs d’Etats tirants, se verront ouside de gré ou de force. C’est la loi de la nature. Car il y a un adage qui dit, si l’on ne sait pas comment quitter les choses, les choses risquent de nous quitter un jour.
Théophile KPONHINTO
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