Une révolution silencieuse en marche: Pendant longtemps, la politique africaine a été l’affaire exclusive des hommes. Salles de négociations fermées, assemblées dominées par des figures masculines, absence de voix féminines dans les décisions clés…
La scène politique du continent portait les stigmates d’une exclusion systémique. Mais aujourd’hui, une révolution lente mais irréversible s’opère : les femmes s’imposent en politique, non comme figurantes, mais comme actrices du changement.
De Dakar à Addis-Abeba, en passant par Lomé, Kigali ou Cotonou, elles se lèvent, bousculent les codes, créent des partis, dirigent des campagnes, occupent des fonctions ministérielles et présidentielles. Pourtant, la route est encore longue. Alors, la femme politique africaine représente-t-elle réellement l’espoir d’un changement structurel et durable ? Analyse.
Une montée en puissance malgré les obstacles
Malgré des progrès significatifs, les chiffres montrent une présence encore insuffisante des femmes dans les sphères décisionnelles :
En Afrique subsaharienne, seulement 25 % des parlementaires sont des femmes (source : Union interparlementaire, 2024).
Peu de pays africains ont une femme à la tête de l’État ou du gouvernement.
Les postes de pouvoir sont souvent confiés aux femmes dans des ministères dits « sociaux » (santé, éducation, famille), rarement dans les finances, la défense ou l’économie.
Mais cette marginalisation politique est régulièrement contrecarrée par une mobilisation de la société civile, des quotas imposés dans certains pays (Rwanda, Sénégal, Afrique du Sud), et la volonté de certaines femmes leaders d’imposer un nouveau paradigme.
Pourquoi la femme politique incarne-t-elle un espoir de changement ?
Une gouvernance plus inclusive et sensible aux besoins sociaux
Les femmes, en tant que mères, éducatrices, travailleuses, sont souvent plus proches des réalités sociales. Elles défendent généralement :
La santé publique,
L’éducation,
La lutte contre la pauvreté,
La protection des droits humains.
Ces priorités sociales, souvent négligées dans les agendas politiques classiques, deviennent centrales lorsqu’elles accèdent au pouvoir.
Une approche politique moins violente et plus consensuelle
Des études ont montré que les femmes ont tendance à privilégier la négociation, la paix, et la cohésion sociale. Dans les contextes de post-conflits, leur implication est cruciale pour reconstruire les liens communautaires et instaurer une paix durable.
La lutte contre la corruption
Dans plusieurs pays, des femmes dirigeantes ont marqué les esprits par leur intégrité, leur gestion rigoureuse des finances publiques et leur refus des pratiques de corruption systémique. Le leadership féminin apparaît alors comme un antidote aux dérives autoritaires et à la mauvaise gouvernance.
Portraits inspirants de femmes africaines en politique
Ellen Johnson Sirleaf, ancienne présidente du Libéria, première femme élue à la tête d’un État africain, prix Nobel de la Paix, a symbolisé le retour à la stabilité dans un pays ravagé par la guerre civile.
Aminata Touré, au Sénégal, a été une des figures emblématiques de la lutte contre la corruption et de la transparence judiciaire.
Victoire Tomegah Dogbé, actuelle Première ministre du Togo, est un exemple de leadership féminin discret mais ferme, dans un pays où les femmes s’imposent progressivement sur la scène politique.
Gertrude Mongella, en Tanzanie, pionnière dans les politiques d’égalité des sexes, a influencé les législations panafricaines sur les droits des femmes.
Les défis encore à surmonter
Les stéréotypes culturels et sociaux
Dans de nombreuses sociétés africaines, la femme est perçue comme incapable de diriger, devant se contenter de soutenir ou de rester en retrait.
Le poids des traditions, des religions et des structures patriarcales continue de freiner l’engagement politique féminin.
Le manque de moyens financiers et de réseaux
Les campagnes électorales sont coûteuses. Les femmes ont souvent moins de ressources économiques et de soutien logistique que leurs homologues masculins.
La violence politique sexiste
Les femmes engagées en politique sont victimes de menaces, d’intimidations, d’attaques sur leur intégrité morale ou physique, parfois même d’agressions sexuelles.
Les réseaux sociaux sont devenus un terrain hostile pour de nombreuses femmes leaders.
Que faut-il pour un réel changement ?
Instaurer des quotas obligatoires dans tous les organes politiques.
L’exemple du Rwanda (61 % de femmes parlementaires) prouve que les quotas peuvent accélérer l’inclusion.
Former, encadrer, financer les femmes leaders.
Les partis politiques doivent recruter et soutenir davantage de femmes compétentes, et leur permettre d’accéder à des postes clés.
Eduquer les populations dès le jeune âge à l’égalité des genres.
Cela permet de briser les stéréotypes, normaliser le leadership féminin et créer une culture politique inclusive.
Protéger juridiquement les femmes en politique.
Des lois contre le harcèlement, la violence politique, et les discours sexistes doivent être mises en œuvre et appliquées.
Une démocratie ne sera complète qu’avec ses femmes
La participation des femmes en politique n’est pas un luxe, ni un simple symbole de progrès. C’est une nécessité démocratique, un moteur de transformation sociale, un facteur de justice et d’efficacité.
Les femmes africaines, malgré les embûches, redessinent les contours de la gouvernance. Le changement est possible, et il portera sans doute un visage féminin.
Alors, les femmes en politique : espoir du changement ? Oui. Mais à condition qu’on leur en donne les moyens, la sécurité et la reconnaissance qu’elles méritent.
Dimitri AGBOZOH-GUIDIH
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