Il était une fois un royaume que le bon Dieu avait doté de tout pour le bénir. De l’or, du diamant, du marbre, des phosphates, une terre fertile, des cours d’eau impétueux, un climat généreux, une population sage et travailleuse, un port pour les navires etc. Disons que le royaume du Togoho avait tout pour qu’on y vive heureux. D’ailleurs, on le surnommait l’Or de l’humanité.
Mais si Dieu a doté ce royaume de tout, il l’a malheureusement aussi flanqué d’un roi qu’on ne voyait jamais sourire, ni danser, ni manger, ni boire, ni s’amuser…Il était comme un demi-dieu, toujours droit et raide dans son costume, toujours sérieux et menaçant. Si le peuple avait envie de voir un roi danser, rire, chanter en louant Dieu, il fallait qu’il voyage dans le royaume voisin où le souverain était souriant, décontracté et ne suscitait pas la frayeur.
Les guerriers du royaume du Togoho étaient à l’image du roi. Toujours
distants, ils n’avaient rien à cirer avec ces chiens de civils. A part les arrêter,
les gazer, les frapper ou les tuer, les redoutables combattants restaient
silencieux et loin de leurs concitoyens, tout comme le Prince qui en quinze années de pouvoir a fait sourire son peuple une seule fois, en se qualifiant
un jour lui-même de Tchalévi très Simple.
Autour du royaume du Togoho, tout était pacifique. Pas de menace de guerre ou de quelque agression. La paix semblait garantie pour au moins mille ans. Et pourtant! Et pourtant une terrible pandémie qui se faisait appeler Koffi 19 s’abattit sur le monde entier, tuant à tous bouts de champ.
Elle obligea les commerces à fermer. Les voyages étaient devenus impossibles, les fêtes, les funérailles, les adorations, tout était interdit pour les peuples confinés. Les activités en reçurent un coup si terrible qu’une crise économique mondiale éclata. C’est incroyable, mais des tensions politiques naissent entre le Togoho et le royaume voisin qui étaient jusque là de si bons amis et vivaient côte à côte en bonne intelligence. Une
violente folie guerrière s’empara des deux. Les combattants du pays voisin
marchèrent sur le Togoho et il fallait vite les bouter dehors avant que le royaume tout entier ne soit occupé. D’ailleurs, comment l’ennemi a-t-il fait pour pénétrer si facilement sur le territoiretogoholais? Mystère!
Les soldats vêtus de leurs costumes impeccables et équipés des armes les
plus modernes descendirent sur le terrain pour déloger les assaillants, partout où ils étaient cachés. Il fallait donc qu’ils se renseignent auprès des
habitants.
La première fois, ils sont allés chercher les ennemis habillés en rouge comme on le leur avait bien dit, mais c’est en croisant des hommes habillés en blanc que la troupe fut attaquée et décimée.
La deuxième fois, les ennemis seraient en bleu, mais c’est en croisant des
hommes en jaune que la troupe fut attaquée par surprise et il n’eut aucun
survivant. L’armée togoholaise alla ainsi de défaites en déboires et était en
train de perdre la guerre.
Les généraux tinrent une réunion pour savoir comment leur armée si forte, si disciplinée, si sévère, si crainte et qui a toujours remporté tous les combats se trouvait subitement en déconfiture totale. Les officiers ne tardèrent pas à comprendre que chaque fois qu’ils se renseignaient sur la couleur de l’ennemi, les informations étaient fausses. Mais pourquoi donc?!
Les Togoholais étaient-ils devenus si bêtes au point de confondre toutes les couleurs? Non, ce ne sont pas les Togoholais qui étaient bêtes, mais ce sont les guerriers du roi qui étaient bêtes. Bêtes au point qu’ils ont cru qu’ils pouvaient compter sur leurs concitoyens pour savoir quelles couleurs l’ennemi avait.
Ils avaient bêtement oublié que du nord au sud, aux quatre coins du royaume, ils s’étaient fait des ennemis qui les détestaient. A Dapahon, ils avaient abattu des Douti et des Sinandaré. A Mangoho, ils avaient tué plusieurs personnes pour une banale histoire de faune. A Lamar et à Karaha, ils ont jeté en prison des Kpatchala Signamgbé et imposé silence à toute la contrée. A Sokodété et Bafila, ils ont assiégé, frappé et contraint hommes, femmes et enfants à aller vivre dans la brousse, parce qu’ils seraient admiratifs d’un certain Tikpatchadam qui voulait devenir roi à la place du roi. Ils ont oublié qu’à Atakpami, ils avaient zigouillé une multitude de personnes pour que le roi accède au pouvoir. Plus jamais ça! A Gleï, ils avaient tué et ils l’ont oublié. A Anéholo, ils ont humilié le chef en
l’obligeant à enlever ses tenues d’apparat et se baigner dans les caniveaux. Même à Alomé la capitale, ils tuent tout le Temps. Ils venaient d’ailleurs d’abattre récemment un jeune laveur de charrettes, Mohamed originaire de Kanté, pas loin du village d’origine du Prince.
La guerre est en passe d’être perdue et elle sera perdue. D’accord,
pas de problème.
Après tant de déboires, voici ce qu’a déclaré le chef de l’armée togoholaise : «Si nous ne sommes pas capables de défendre le royaume contre l’ennemi qui vient d’à côté, nous allons nous contenter de défendre le trône contre nos concitoyens qui sont mains nues. C’est plus facile, moins dangereux et plus chouette de tuer sans risquer de se faire tuer. Nous serons bien différents des autres armées du monde, mais qu’importe? Nous sommes ce que nous sommes: des assaillants dans notre propre royaume».
Pintado Source journal Sika’a N°298
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