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Isidore Kouwonou: « MES 29 MINUTES A LA HAAC »

ByTesko2022

Mar 24, 2020

Nous le savons, beaucoup ont appris la suspension de notre journal L’ALTERNATIVE (et Liberté aussi) par la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) hier, après nous avoir reçus dans la matinée au siège de l’institution. Merci à vous tous qui nous apportez vos soutiens à travers des messages de réconfort et d’encouragement. Vous, vous avez compris qu’en cette période de crise sanitaire dans le monde et au Togo, les populations ont plus besoin de la presse, surtout des journaux les plus lus, pour s’informer (avoir la bonne information) et prendre les précautions qu’il faut. Mais hélas, les « propriétaires du Togo » (Y COMPRIS LE COLON) ne partagent visiblement pas la même vision.

A LA HAAC

Nous avons été convoqués par deux fois à la HAAC. Nous y étions le lundi 16 mars et hier 23 mars 2020. En l’absence du Directeur de Publication, mon patron Ferdinand AYITE, il me revient en tant que Rédacteur en Chef du bihebdomadaire L’ALTERNATIVE de répondre à la convocation. J’étais accompagné par le Secrétaire de la Rédaction, Pierre Claver KUVO.

Effectivement, nous nous étions retrouvés devant les neuf (09) membres de la HAAC qui nous ont fait savoir que c’est sur plainte de l’ambassadeur de France au Togo que nous avons été convoqués (A vrai dire, nous le savions déjà, puisque c’est mentionné dans la lettre de convocation). La plainte concerne un article publié dans la parution N°869 du 28 février 2020, intitulé « Françafrique et soutien aux dictateurs : Franck Paris, l’intrigant ». Après la lecture de la plainte (nous avons pris connaissance du contenu de la plainte séance tenante) dans laquelle l’ambassadeur de France au Togo, Marc Vizy indique que le journal a diffamé un conseiller de l’Elysée (et d’autres accusations dont je fais économie ici), les membres de la HAAC nous ont fait savoir que l’ambassadeur veut régler l’affaire à l’amiable.

« Tiens, tant mieux », avions-nous réagi Pierre Claver et moi, sans même savoir que l’idée de sanction a déjà été arrêtée. Sinon, comment quelqu’un qui parle de règlement à l’amiable peut refuser d’envoyer un droit de réponse (que nous avons accepté devant la HAAC de publier volontairement dans le journal), mais qui, à travers cette institution, nous demande de « rectifier » ce que nous avons écrit ? Rectifier veut dire écrire le contraire de ce que nous avons déjà publié. C’est comme si on nous demande de ravaler ce que nous avons vomi. Pas question, avons-nous rétorqué. Vu que la tentative de nous convaincre à « rectifier » ne marchait pas, on a fini par nous mettre devant un choix : accepter ce que nous demande la HAAC ou être sanctionné. Nous sommes restés imperturbable.

Entre-temps, la HAAC nous demande les preuves de ce que nous avons écrit, c’est-à-dire les preuves de la Françafrique. « Vous fournir les preuves exposerait nos sources d’information », avions-nous répondu. C’est curieux qu’on demande à un journaliste d’apporter les preuves sur la Françafrique, ce qui se déroule au nez et à la barbe de tous les Africains et même des Occidentaux. La Séance de lundi 16 mars 2020 a été suspendue sur recommandation de la HAAC d’aller lui rapporter les preuves de ce que nous avons écrit. On nous a également demandé de revenir avec le Directeur de Publication, Ferdinand AYITE qui était absent du pays.

Le jeudi 19 mars 2020, une lettre de la HAAC arrive à notre Rédaction. Une autre convocation à comparaître devant l’institution le lundi 23 mars 2020. Pierre Claver et moi nous sommes encore présentés devant les membres. La séance a duré à peine 2 minutes. On nous demande si nous avons apporté les preuves. « Non, nous exposerons nos sources en vous donnant les preuves », avons-nous répété. « Vous aurez notre décision plus tard. La séance est suspendue », a dit le président de la HAAC. Et la décision, nous l’avons appris un peu plus tard dans l’après-midi. Deux (02) mois de suspension pour notre journal L’ALTERNATIVE et deux (02) semaines pour LIBERTE. On a donc passé 27 minutes de discussions le lundi 16 mars et 2 minutes hier (29 minutes devant les membres de la HAAC).

MES OBSERVATIONS

Que personne ne se trompe, le désir de sanctionner les deux journaux était bien réel, avant même la convocation de leurs responsables. Tout porte à croire que le HAAC s’est rangée du côté de l’ambassadeur de France au Togo. Puisque lors des discussions, un membre de cette institution s’est permis de dire que dans la diplomatie, l’ambassadeur ne peut pas envoyer un droit de réponse à un journal pour publication (parce que nous sommes prêts à publier le droit de réponse si l’ambassadeur nous l’envoie). Et que c’est le journal qui doit s’autocensurer pour « rectifier » ce qu’il a écrit. Heureusement qu’un autre membre de la HAAC a reproché cette manque de culture à son collègue. Sinon, nous avions une réponse appropriée à cet « égarement ».

Ce que nous avons remarqué, c’est que l’ambassadeur ne voulait pas se montrer, donner l’impression à l’opinion que c’est lui, citoyen de la « Grande civilisation », « pays des libertés », la France, qui harcèle un journal et veut le museler. Et donc il ne veut pas faire publier un droit de réponse dans un journal. L’ambassadeur a donc confié le boulot à la HAAC qui a demandé à notre journal de « rectifier », dans le cas échéant être sanctionné. On imagine un peu l’ambassadeur du Togo en France qui demande au Conseil Supérieur de l’audiovisuel (CSA) en France de sanctionner un journal comme Médiapart ou Libération. Parce que nous sommes sous les tropiques, une demande du colon se transforme rapidement en ordre que même les responsables d’institutions de la République se précipitent à exécuter. Un président de la HAAC a un rang plus élevé qu’un ambassadeur, fut-il de la Métropole. Bon bref, chacun peut choisir de se donner la valeur qu’il mérite.

La HAAC a bien servi l’ambassadeur. A la Rédaction de L’ALTERNATIVE, nous espérons que chacun est satisfait d’avoir accomplir sa part du boulot. Loin d’altérer notre énergie et de nous décourager, cette sanction nous fait plutôt du bien. Cela renforce notre notoriété. Par contre, l’histoire retiendra qu’un ambassadeur de France au Togo a fait sanctionner deux journaux critiques. Nous avons des informations selon lesquelles le diplomate français n’a jamais porté notre journal dans son cœur. Il nous a toujours reproché de faire des critiques virulentes envers le régime en place, même si ce n’est ce pour quoi il est ici dans notre pays. Mais en fait, de quoi se mêle-t-il si nous critiquons le régime cinquantenaire qui s’accroche au pouvoir ?

Nous voulons rassurer nos lecteurs que nous reviendrons en force, avec des dossiers en suspens. Merci à l’ambassadeur et à la HAAC de nous permettre de nous reposer un peu. Puisque nous en avons besoin aussi, surtout en ces temps de confinement (coronavirus oblige). Ou bien mon patron Ferdinand AYITE ? (RIRE).

A BIENTOT !!!

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