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Joseph A. KOBA KOSSI: « Donner tout son sens à la commémoration du 21 juin »

ByTesko2022

Juin 21, 2019

Nous sommes le 21 juin, une  journée fériée au Togo.  Cette journée rappelle en effet,  le triste souvenir  du massacre de Pya Hodo, où  des togolais furent assassinés pour avoir refusé et protesté contre le statut d’autonomie qu’accordait la France à leur pays à travers la loi Gaston Déferré. Ces illustres combattants et certainement bien d’autres Togolais,souhaitaient voir leur pays accéder à la souveraineté internationale plutôt que d’être proclamé république autonome.

Selon ce que nous apprend l’histoire, ils étaient  une vingtaine à trouver tragiquement la mort ce 21 juin 1957 à Pya Hodo. Chose réconfortante, ce sacrifice ne fut pas vain. Par ailleurs, une reconnaissance nationale leur est due chaque année à la même date.

Dans cette logique, en 2018, lors de la commémoration de la journée des martyrs, le Colonel Inoussa Djibril, alors porte-parole des Forces Armées Togolaises (FAT), disait ce qui suit : « ces braves et dignes citoyens de premières heures, qui sont tombés sous les coups lâches de leurs bourreaux, nous nous inclinons sur leur mémoire  une fois encore pour leur témoigner toute notre gratitude et leur garantir que leurs actions ne seront jamais vaines.»[

Alors, si ceux qui étaient tombés sous les balles de l’armée coloniale en réclamant en leur temps, l’affranchissement du Togo des mains des colons méritent tous les honneurs, ceux qui sont morts au nom de leur conviction et engagement politique, au nom de la lutte pour un Togo démocratique et respectueux des droits et libertés de l’homme n’en méritent pas moins.

D’ailleurs, si l’acte commis par l’armée coloniale a été qualifié de « lâche » par le Colonel Djibril, c’est indubitablement eu égard aux valeurs et aux droits inhérents à la personne humaine. Aujourd’hui, sinon depuis longtemps, fort heureusement, le Togo s’est non seulement doté d’une constitution qui consacre la sacralité de l’être humain, mais aussi est lié par des conventions qui reconnaissent et promeuvent le droit de chaque individu à la vie.

En dépit de cela, la liste des martyrs au Togo ne cesse de gonfler. Ceci, non plus par l’action du colon ni d’une force étrangère, mais par celle des Togolais eux-mêmes qui en principe devraient vivre libre, en parfaite harmonie et dans la prospérité comme l’avaient voulu ceux de nos aïeux  qui ont laissé leur vie dans la lutte pour l’indépendance de notre très chère patrie.

Lorsque nous nous référons au dictionnaire Larousse, nous comprenons sans doute que sont appelés martyrs, des personnes qui souffrent ou meurent soit pour leur croyance religieuse, soit pour leur croyance politique ; ou encore, des personnes qui souffrent de mauvais traitement systématiques.

Pris donc dans ce sens, et  en nous plaçant dans un repère temporel pas assez lointain, nous pouvons sans équivoque compter au nombre des martyrs que pleure le Togo en ce jours, les centaines de personnes tuées en 2005 lors des violences électorales.  Selon un rapport de l’ONU, cette seule période électorale à fait perdre au Togo, entre 400 et 500 personnes lors des contestations de la victoire de Faure Gnassingbé à l’issue des élections d’avril 2005.

Sans vouloir revenir sur les années de règne du Feu Général Eyadema Gnassingbé que certains Togolais sinon la majorité considèrent à tort ou à travers comme un dictateur et donc grand prédateur des libertés, la date du 5 février 2005 avait fait germer dans l’imaginaire des Togolais, l’espoir d’un Togo nouveau, divorcé d’avec des pratiques liberticides, et où désormais les uns et les autres pouvaient exprimer leurs opinions politiques sans être inquiétés. Mieux, le 05 février 2005, avait fait penser à la plupart des Togolais, que la voie de l’alternance démocratique est enfin balisée et qu’elle sera enfin une réalité au sommet de l’État. Mais ce qui en est suivi est un secret de polichinelle.

Néanmoins, l’historique Accord Politique Global (APG) signé en août 2006 a fait progressivement reprendre ses polis à la sérénité nationale. Et comme pour couronner ce qui précède, le Président de la République, SEM Faure Gnassingbé lançait le 29 juillet 2007, à l’occasion de la fête des ignames  dans la ville  d’Atakpamé ce qui suit : « dans cette ville d’Atakpamé, je tiens à proclamer haut et fort, plus jamais ça sur la terre de nos aïeux, plus jamais de vagues d’attentats, de troubles et de violences insensées… ».

Mais il n’a pas fallu un longtemps, pour que ruisselle de nouveau sur la terre de nos aïeux, le sang de ses filles et fils qui n’ont péché que par leur soif de justice social, de liberté, d’égalité, de transparence…, bref, de démocratie véritable.

Et c’est sur ce douloureux chapelet de ‘’tragédie nationale’’, tout en nous inclinant devant la mémoire de nos très chers compatriotes,« ces braves et dignes citoyens  (…), qui sont tombés sous les coups lâches de leurs bourreaux, », que nous voulons entre autre citer  les deux jeunes élèves : Douti Sanalengue et Anselme Sinandare qui furent froidement abattus le 15 avril 2013 à Dapaong alors qu’ils ne demandaient, qu’une solution soit trouvée à la grève des enseignants pour que les cours reprennent.[

Aussi nous rappelons-nous le jeune Alabi Nadjinoudine tombé sous les balles le 28 février 2017 pour avoir protesté contre la hausse des prix des produits pétroliers à la pompe.Et après lui, toutes ces personnes qui ont perdu la vie au cours des manifestations politiques déclenchées en août 2017 par le Parti National Panafricain (PNP) et amplifiées par la coalition des 14 partis politiques de l’opposition, sans oublier ceux qui d’une manière ou d’une autre, continuent de souffrir  le martyre à cause de leur engagement social ou politique.

Si tant est qu’il est établi qu’il est « lâche » d’ôter la vie à des êtres humains ; tant qu’il est aussi établi que des personnes tuées ainsi lâchement sont des martyrs qu’on aurait d’ailleurs pu éviter de faire ; si tant est qu’il n’a rien qui justifie le fait de gonfler la liste des martyrs qu’a déjà connu le Togo, il est alors hautement souhaitable, en hommage à ceux-là qui sont tombés pour la patrie, que les Togolais cessent de s’entretuer pour une chose d’aussi vaniteuse que la politique. Et pour y parvenir, seul l’État, à travers le gouvernement peut garantir et assurer à tous les citoyens et à toute la population togolaise, la sécurité et leur intégrité physique. C’est pour cela qu’en cette date aussi solennelle, nous appelons le gouvernement à jouer pleinement son rôle vis-à-vis de chaque citoyen, indépendamment de son appartenance politique ou de ses croyances religieuses conformément à l’article 21 de la constitution. C’est en réalité en arrivant à cette étape, que la commémoration de la journée des martyrs aura véritablement tout son sens, pour que reposent en  paix, tous ceux qui sont tombés au nom de la Patrie.

Joseph A. KOBA KOSSI


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