La mort du jeune Mohamed : Entre inhumanisme des autorités publiques et la violence des forces de l’ordre érigée en règle.
Le Togo est il devenu un État voyou ? Un État qui tue crapuleusement ses propres enfants sans aucun remords ? Indéniablement oui car désormais c’est la violence institutionnelle poussée jusqu’à son paroxysme. Depuis la mort du jeune Mohamed à Avedji par les forces de l’ordre, un acte ignoble, infamant, totalement abject, je m’interroge et depuis lors je n’ai toujours pas encore de réponse.
Au Togo, la responsabilité publique tout comme les sanctions administratives, disciplinaires et judiciaires suite aux événements analogues que nous dénonçons dans le cas d’espèce avec toute notre énergie sont une sorte de déni de réalité, une négation de la brutalité extrême dont fait preuve les forces de l’ordre sur nos concitoyens. Lorsque de tels événements surviennent les questions basiques qui nous viennent spontanément sont celles ci: Qui fait les enquêtes sur les bavures et crimes militaires et qui publie les résultats ?
En effet, il est difficile de souligner le cas Mohamed sans revisiter les précédents de ces crimes indescriptibles. Depuis le 19 Août 2017, l’État togolais au nom de la violence légitime, terrorise les populations toute entière sur la base du tribalisme d’État, d’une répression inouïe des opinions politiques exprimées et une criminalisation des opinions alternatives à la pensée unique d’un régime amorphe incapable de se réinventer. Les images issues des évènements des mois d’août et octobre 2017 à Sokodé et à Bafilo sont effroyables , des images qui provoquent en toute sensibilité humaine un sentiment de dégoût. je suis témoin de tous ces actes similaires également au cas Mohamed dans l’histoire politique togolaise. Les images et les rapports scientifiquement documentés des organisations de défense des droits de l’homme l’attestent. Dans le centre du pays assiégé au mépris des procédures relatives à la declaration de l’État de siège constitutionnellement etablie, nous avons assisté à des scènes où un groupe de plus de 10 militaires sans vergogne infligés un châtiment collectif à un jeune manifestant au niveau de la station CAP à Sokodé puis selon les informations factuellement vérifiable un officier aurait tiré à bout portant sur un autre manifestant à balle réelle. De telles scènes comparables , on enregistre beaucoup sans aucune suite du procureur de la République qui dispose la légalité et l’opportunité des poursuites en la matière.
Plus au Nord à Mango, un enfant du nom de Yacoubou âgé de neuf (09)ans a été foudroyé par une balle en pleine poitrine par un agent des forces de l’ordre en charge de la protection civile et de maintien l’ordre, là aussi sans aucun rapport du procureur de la république.
Depuis je m’interroge lorsque nous avons appris sans aucun témoignage d’un observateur extérieur encore moins d’un représentant du ministère public, sauf la version du ministre OURO-KOURA Agadazi que, deux militaires en faction dans son domicile privé à Sokodé ont été égorgé alors qu’ils étaient en procession de deux FAC et plus de 80 munitions.
Depuis je m’interroge lorsque le petit Jojo a été froidement abattu sur la route de l’école par un snipeur alors que le même jour le ministre de la sécurité et de la protection civile avait dans sa rethorique habituelle conclu que la manifestation s’était déroulé sans incident. Plus grave, malgré les plaintes des organisations des droits de l’homme et des rapports d’autopsie, aucune action judiciaire n’a été engagé.
Rappelons nous aussi du tir à bout portant dans l’oeil du petit Moufidou de 12 ans à Agoè, sans aucune réaction de l’institution judiciaire. Comment on en est t-on arrivé là ? Les militaires acteurs des exactions commises sur le territoire national comme s’ils étaient en territoire hostile ou étranger ne sont ils pas des justiciables ? Si les juridictions de droit commun expriment tacitement leurs incompétences à juger ces militaires, N’existe t-il pas le tribunal militaire, une juridiction d’exception capable de traduire les auteurs de ces actes devant la justice alors que la loi portant création du tribunal militaire a été adopté depuis avril 2016 à Kara par l’assemblée nationale. Le Togo par ces carences institutionnelles laissent prospérer les crimes qui sont juridiquement les infractions les plus graves selon la hiérarchie des infractions dans le droit positif togolais.
Tout récemment et plus précisément le lundi 4 mais le monde entier a appris avec stupéfaction à travers un journal en ligne que le Lieutenant-colonel MADJOULBA Bitala a été assassiné dans des conditions inhumaines dans son bureau, dans le camp le plus sécurisé du Togo sans que personne, ni le ministère public, ni le Chef d’état-major, ni le ministre de la défense Nationale qui se trouve être le chef de l’État, chef des armées ne puissent réagir. Aucune déclaration publique de Faure Gnassingbé pour appeler à la retenu, ni pour affirmer son attachement à la répression des actes répréhensibles par la loi.
La mort du jeune Mohamed est un crime de trop, je suis résolument convaincu qu’une par d’humanité des autorités publiques de ce pays n’y est plus. Ce jeune froidement abattu devant son enfant et plusieurs témoins dans une rue très fréquentée de Lomé dans un quartier populaire, par un militaire fragilise encore une fois la cohésion sociale. Un sentiment de defience existe notoirement entre les togolais et les forces de l’ordre en général. La police, la gendarmerie tout comme les militaires dans l’exercice de leurs fonctions respectives comme le couvre feu ou la police administrative révéle cette crise de confiance au quotidien. Combattant leurs scepticismes, leurs incrédulités en espérant avoir le contenu du rapport sur la mort du jeune Mohamed, les togolais ont eu droit à un rapport de la gendarmerie qui affirme que le jeune Mohamed connu dans le quartier comme laveur de voiture était « un brigand « qui a été mis » hors d’etat de nuir » sans que le ministère public par principe républicain ne donne aucune information. Ce rapport faut il le souligner est d’un mépris sans précédent. L’usage de l’arme à feu par le bourreau de ce jeune homme est il proportionnel à la menace que ce dernier faisait preuve ? Il s’agit ici d’une riposte démesurée de la part de cet agent de force de l’ordre.
Le jeune Mohamed fort de son caractère, de son abnégation à réussir dans la vie s’est vu brisé dans son élan laissant une veuve et deux enfants à l’approche de la fête de Ramadan qu’il aurait voulu fêter vivement avec sa famille. Quoiqu’on dise le Togo est sur une pente déclinante, un État policier, une véritable dictature militairo-civil. Malgré le mutisme des togolais, malgré cet atmosphère oppressant dans lequel ils vivent au quotidien j’en suis persuadé d’un sursaut d’orgueil de la part de ce peuple humilié, dépouillé de sa dignité. Depuis, j’avoue que la seule question qui vaille la peine d’être posée c’est QUE SOMMES NOUS DEVENUS au Togo ?
OURO-AKPO Tchagnaou, ancien député.
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