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La Tribune De La Semaine De Maryse QUASHIE Et Roger E. FOLIKOUE: « Le temps est de notre côté, car on ne pourra pas tout le temps nous prendre pour des personnes qui ne réfléchissent pas. »

ByTesko2022

Mai 30, 2020

Voici deux mois que la publication qui accueille notre Tribune hebdomadaire, L’Alternative, a été suspendue à cause de l’hostilité déclarée d’une chancellerie, hostilité bien accueillie par le gouvernement, qui, nous nous permettons de paraphraser un adage célèbre, voulant noyer son chien, a bien accepté qu’on l’accuse de rage. Mais vous lecteurs, avez-vous ressenti cette suspension ? Non n’est-ce pas ?


De fait nous ne sommes plus à l’époque où quand un pouvoir empêchait la parution d’une s’étaient habitués ; ce qui donnait du coup un certain répit au pouvoir pour continuer ses entreprises de désinformation. Aujourd’hui au contraire cela attire l’attention sur l’organe de presse, qui gêne assez les gouvernants pour qu’on tente de le faire taire, et par le fait même, cela lui donne encore plus de lecteurs. C’est ce qui nous est arrivé ces dernières semaines lorsque nous avons dû marquer une pause (à cause des jours fériés du mois de mai et non à cause de la suspension). Nos lecteurs habituels nous ont réclamé notre Tribune. Nous en profitons pour les remercier vivement de leur fidélité et de leur confiance.


En fait si de nos jours on continue à punir les professionnels de la presse pour avoir fait leur travail, ceux à qui on doit s’intéresser ce ne sont pas d’abord ces professionnels même s’ils souffrent persécution de la part des gouvernants. On doit plutôt s’intéresser à ces gouvernants qui veulent manipuler l‘information à leur guise, dans leur intérêt. On pensait que c’était des comportements d’un autre temps surtout en vigueur dans les anciens pays de la sphère communiste. On cite ainsi souvent la Chine qui n’hésiterait pas à faire des montages télé comme lors de la fin du confinement à Wu-Han en mars dernier où on voyait des centaines
de personnes guéries sortir ensemble de l’hôpital avec des chants d’allégresse et de gratitude pour les soignants.


Mais ce que nous vivons tous ces derniers temps – notamment encore une fois avec l’affaire de la Chloroquine – montre que la manipulation de l’information est la tentation de tous les gouvernants du monde. Ou c’est pour se faire bien voir d’une catégorie de citoyens, ou bien c’est pour se rallier ceux qui manifestent de la désaffection, ou bien alors c’est sous la pression de groupes économiques et industriels, ou enfin sous l’influence de pays dits « amis ». Bref, le souci de mettre de son côté l’opinion publique, d’être populaire, ou l’obligation de plaire à des partenaires financiers, et les contraintes géopolitiques, obligent la classe politique à être tout le temps en campagne médiatique. D’où l’importance des professionnels de
l’information.


Ces campagnes médiatiques utilisent des ficelles plus ou moins grosses selon l’opinion et le respect qu’elles ont pour les citoyens. C’est ainsi, qu’en Afrique, en général, où on considère que les citoyens ne comprennent rien, on utilise les ficelles les plus grosses pour duper la population, en même temps qu’on brime ouvertement et dans l’impunité les professionnels
de l’information.


Seulement avec le développement des techniques modernes de communication, partout dans le monde, celui qui tente de manipuler l’information doit savoir que ce dont il doit tenir le plus compte c’est le temps. En effet, lorsqu’on lance une information plus ou moins
maquillée, il faut s’arranger non seulement pour qu’elle ait l’air vraie ou au moins plausible auprès du public-cible, mais il faut tout faire pour qu’elle le reste le plus longtemps possible.


En effet, les moyens d’information qui sont actuellement à la disposition des personnes font qu’on peut très rapidement déjouer les pièges. Parfois dans une même journée on peut très rapidement démentir une annonce flamboyante, ou même crever un ballon d’essai comme la déclaration des médecins à propos des tests de vaccin contre le Coronavirus en Afrique.
Souvent dans nos pays, on se croit encore au bon vieux temps des pays qui avaient une radio et une télévision d’Etat, des populations privées de toute autre source d’information. On pense alors pouvoir servir n’importe quoi à cette population. Et quand des voix s’élèvent pour protester contre la désinformation et rétablir les faits, on intimide, on brime en foulant
au pied les libertés fondamentales des citoyens.


Cependant, c’est un combat perdu d’avance par ceux qui choisissent la persécution. En effet, pour une seule fausse information, il suffit qu’elle fasse la une assez longtemps, ou qu’elle revienne assez souvent sous différentes formes pour troubler l’opinion (Cf. Chloroquine). Mais
pour un système qui tente de bâillonner les organes et les professionnels de la presse, le temps qui passe n’est pas un atout. En effet, un seul citoyen ayant pris des photos avec son téléphone portable peut ruiner un montage médiatique comme dans l’affaire d’Alexandre BENALLA, proche du président Macron, qui avait participé en personne à la répression de
manifestants. Il a fallu juste un peu de temps à ce citoyen pour faire parvenir l’information à qui de droit, en l’occurrence un organe de presse.

Celui-ci a fait son travail et quelques semaines après il a fallu que ce monsieur quitte les allées officielles du pouvoir français.
Mais le temps joue aussi en faveur de ceux qui veulent faire triompher la vérité. Le journalisme d’investigation tel que pratiqué par exemple par Mediapart fait sortir de l’ombre des faits et tractations que les acteurs eux-mêmes pensaient enterrés pour toujours…


Nous espérons qu’au moins certains de nos journalistes ne se laisseront pas toujours fasciner par le sensationnel, le scoop d’un moment, mais choisiront l’ascèse du journalisme d’investigation. Ascèse parce que ce journalisme demande beaucoup de sacrifices : un investissement important en temps (il faut de la patience pour faire éclater la vérité) mais aussi en moyens financiers (se déplacer, payer des informateurs) mais surtout il faut avoir choisi la vérité et la liberté pour ne pas se laisser acheter et corrompre par tous ceux qui ont intérêt au silence. Et il faut savoir qu’on peut perdre sa vie en faisant le choix du journalisme d’investigation. Les pouvoirs russe et saoudien l’ont montré il n’y a pas longtemps : Anna
POLITKOVSKAIA journaliste russe est assassinée à Moscou le 7 octobre 2006, Jamal KHASHOGGI journaliste saoudien est assassiné au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul le 2 octobre 2018.


Mais le combat contre la presse est perdu d’avance par ceux qui essaient de la museler si nous, citoyens faisons tout pour constituer une opinion publique forte, déterminée à se mobiliser lorsqu’on nous fait passer pour des personnes qui manquent d’intelligence, en nous servant n’importe quelle « information ».


Osons prendre des photos avec nos téléphones portables et envoyons ces photos aux organes de presse. Vérifions les informations avant de les répandre, diversifions nos sources d’information. Mais surtout formons-nous en n’attendant pas tout des autres. Exerçons nos capacités de discernement et d’analyse lorsqu’on nous sert une information, ne gobons pas tout sous prétexte que c’est sur WhatsApp. Pour nous éclairer nous avons la presse mais nous avons aussi les intellectuels et les universitaires. Poussons-les à prendre la parole, à donner souvent leur point de vue et leurs opinions à la lumière de leurs compétences.


Le temps est de notre côté, car on ne pourra pas tout le temps nous prendre pour des personnes qui ne réfléchissent pas. Mais pour cela il faut que chacun d’entre nous prenne l’option de lutter pour la liberté d’information et d’expression.


Lomé Le 29 mai 2020

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