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La Tribune De La Semaine De Maryse QUASHIE Et Roger E. FOLIKOUE: « L’Etat de non droit est en train de s’étendre, Allons-nous continuer toujours à accepter la normalisation de l’inacceptable ? »

ByTesko2022

Oct 11, 2019

Les Togolais ne peuvent pas laisser passer la date du 5 octobre dans le silence et l’indifférence. En effet le 5 octobre 1990, la ville de Lomé était secouée par un mouvement social d’une ampleur inattendue avec comme principaux acteurs les jeunes ; ce mouvement ne trouvera son aboutissement qu’avec la Conférence Nationale quelques mois après en
juillet 1991. Quelle que soit l’appréciation que l’on a de ce mouvement, quel que soit le choix politique dans lequel on se situe, la date du 5 octobre ne peut plus faire partie de la suite routinière des jours ordinaires.
Il se trouve que le 5 octobre est aussi La Journée Mondiale des Enseignant(e)s, célébrée chaque année depuis 1994, en commémoration de la signature de la recommandation OIT/UNESCO concernant la condition du personnel enseignant (5 octobre 1966). Il se trouve que pratiquement 70 000 Togolais exercent la profession d’enseignant, alors que les deux tiers des salariés de la Fonction Publique sont des enseignants.
Enfin, le 5 octobre 2019, une bonne partie du territoire togolais, et particulièrement l’agglomération urbaine de Lomé, qui compte environ 1 million d’habitants, était noyée sous une pluie, qui, ayant commencé plusieurs jours auparavant, a fait bien des dégâts dans les rues et surtout dans les habitations des citoyens de la ville.
Il y avait donc de quoi faire l’actualité en ce 5 octobre 2019. Le pouvoir en place a choisi de défrayer la chronique, en envoyant les forces de l’ordre empêcher des jeunes de se rappeler le 5 octobre 1990. Il se trouve que ces jeunes n’étaient pas dans la rue mais dans une enceinte fermée. Les véhicules des forces de l’ordre ont donc dû contourner les flaques
d’eau pour aller disperser et surtout intimider les jeunes. Cela peut sembler étrange à première vue, car ceux qui ont vécu comme acteurs les événements du 5 octobre 1990 ont aujourd’hui plus de 45 ans. Et donc, de façon tout à fait paradoxale, le Gouvernement a obtenu le résultat inverse de ce qu’il visait : ceux qui ne connaissaient pas le 5 octobre 1990, se sont demandé pourquoi c’était si important qu’on ne célèbre pas cette journée. Ils ont été renseignés, il y a donc plus de citoyens qui connaissent à présent cette date. Mais ce qui importe ici, c’est le choix fait par le pouvoir, choix qui montre ce qui le préoccupe avant tout. Ce n’est guère le quotidien des citoyens, par exemple, la situation des sinistrés des quartiers inondés. Ceux-ci ont dû se débrouiller seuls, certains pour vider l’eau de leur habitation, après avoir sauvé ce qui pouvait l’être, d’autres pour trouver un logement
ou même un local de travail temporaire, alors que la météo prévoit que les précipitations vont continuer.

Ce n’est pas non plus les conditions de vie et de travail des enseignants : à chaque rentrée, la préoccupation du Gouvernement, c’est qu’ils ne se mettent pas en grève. Alors on leur fait l’aumône d’une prime ou même d’une promesse pour désamorcer le mouvement de grève en préparation. On pourrait croire que c’est à cause de l’année scolaire des élèves qu’on
veut protéger des perturbations. Mais non, pas du tout, car cette année, juste à la rentrée on a vidé les classes, sous prétexte de formation des enseignants, en commençant par les petits du préscolaire : on a donc assisté au spectacle affligeant d’enfants traînant dans les rues aux heures où ils devaient être en classe ou au moins dans les écoles. Ne pouvait-on
pas placer ces formations à un autre moment pour que les enfants ne voient pas leur année perturbée dès les premières semaines ?
Et est-on tant préoccupé que cela des enseignants, dont les conditions de vie ne sont guère enviables à cause de revenus insuffisants, et dont les conditions de travail surtout dans le système public sont déplorables ? Beaucoup d’entre eux sont confrontés à des effectifs pléthoriques dans des locaux inadaptés (au primaire, 37% des classes du public ne sont pas
construites en dur selon les statistiques officielles de 2017-2018). Les équipements de base, comme la craie, manquent dans certaines écoles ; ce sont les enseignants, les directeurs d’établissements qui sont obligés de pourvoir à ces besoins cruciaux. Ou bien alors on est obligé de demander l’aide des parents.
Et ces parents, y a-t-on pensé ? Ont-ils envoyé leurs enfants à l’école pour qu’on les fasse sortir des écoles dès les premières semaines de l’année ? Et s’il arrivait quelque chose à un élève alors qu’il est dehors aux heures ouvrables et en dehors des locaux scolaires? Qui s’en chargerait ? Certainement pas les prestataires des assurances scolaires que les parents paient! Pauvres parents qui ont fait la queue dans les banques pour s’endetter pour contracter des prêts scolaires leur permettant d’assumer les dépenses liées à la rentrée des classes !
En définitive, ce qui a préoccupé le Gouvernement, c’est que les citoyens ne puissent pas manifester un certain mécontentement à travers la commémoration du 5 octobre 1990, ou à travers une éventuelle grève des enseignants ! Il faut que les citoyens prennent bien conscience de cela. Ce qui fait l’actualité du Gouvernement c’est la limitation des libertés publiques. Ce qui doit faire l’actualité des citoyens, c’est donc la défense des libertés publiques.
En effet, après avoir tenté de faire passer une loi inique restreignant encore la liberté de manifester, voici que ce Gouvernement répond avec arrogance au rappel à l’ordre des instances onusiennes ! Les citoyens se rendent-ils compte de ce qui est en train de se passer ? L’Etat de non droit est en train de s’étendre, de s’installer comme si c’était normal ! Allons-nous continuer toujours à accepter la normalisation de l’inacceptable ?
Rendons-nous à l’évidence : aucune instance internationale ne pourra venir agir à notre secours si nous-mêmes, nous choisissons de nous taire.
Nous sommes en pleine période pré-électorale. Ne nous laissons pas distraire par l’agitation de « l’opposition « . La majorité se frotte les mains parce qu’ainsi elle a les mains libres pour venir à bout de ses desseins : empêcher toute contestation après les élections. Mais ce faisant, elle est en pleine contradiction. En effet, avant les élections les prétendants aux
suffrages des citoyens font tout pour plaire à ces derniers. Mais au Togo, on ne se préoccupe pas du quotidien des citoyens, on néglige les enfants et les jeunes qui sont l’avenir du pays, en croyant que les citoyens manqueront suffisamment de discernement pour se laisser fasciner par les fallacieuses promesses du PND ! Dans le même temps, on dit à ces citoyens : « Ne manifester pas votre insatisfaction ! Et si vous vous réunissez pour parler
de ce qui ne nous plait pas, on vous dispersera brutalement ! On gardera en prison ceux qui y sont arbitrairement enfermés parce qu’ils ont voulu se réunir et exprimer leur mécontentement ! » Est-ce là le rôle de l’Etat ? Est-ce là la conception du pouvoir de nos gouvernants ?
Et ces personnes veulent que les citoyens votent pour elles ? Douteraient-elles de l’intelligence de ces citoyens ? Ce faisant, ne sont-elles pas en train de se disqualifier ? Ou de croire qu’elles gagneront de toutes les façons les élections à venir ? Comment y arriveront-elles? La leçon de ruse de Machiavel marchera-t-elle encore et toujours ou bien dévoile-t- elle en réalité la vraie nature des gouvernants politiques ?
Citoyens soyons vigilants ! L’actualité, c’est la veille citoyenne !

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