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La Tribune De Semaine De Maryse QUASHIE Et Roger E. FOLIKOUE: «Serions-nous enfin rentrés dans l’ère des résultats rapides à l’issue des élections comme c’est le cas dans certains pays ?»

ByTesko2022

Fév 28, 2020

Dans notre tribune du 21 février dernier, veille de l’élection présidentielle dans notre pays, nous écrivions ceci : « Le temps semble être suspendu au Togo ! Le pays retient son souffle. Pourquoi cette atmosphère ? En fait on vit comme un temps d’avant un grand événement… Cela peut être une catastrophe : pour ceux qui luttent pour le statu quo, cela adviendrait si un changement sortait des urnes ; pour les autres, la catastrophe serait que le changement soit encore une fois remis à plus tard.»

Annoncés initialement pour le lundi 24 février, les résultats de l’élection présidentielle ont finalement été donnés dans la nuit du 23 février 2020. Y aurait-il une raison qui justifierait ce changement de date ? Serait-ce enfin le fruit d’une avancée informatique et technologique, qui, jusqu’à présent, a fait défaut à la CENI ? Serions-nous enfin rentrés dans l’ère des résultats rapides à l’issue des élections comme c’est le cas dans certains pays ? Si tel était le cas pourquoi dimanche le 23 février et non la nuit même du 22 février puisque le Togo n’est pas un si grand pays où le nombre des électeurs défierait les calculs informatiques et technologiques dans l’espace d’une journée ! Dans des pays où le nombre des électeurs dépasse largement les 3 600 000 d’électeurs, on connait, dès le soir du vote, non seulement les tendances mais aussi le nom du vainqueur. Nos ordinateurs auraient ils besoin d’être tropicalisés et donc fallait-il leur laisser un peu plus de temps, ce qui aurait conduit à la proclamation des résultats dans la nuit du dimanche 23 février ?

Dans cette nuit du 23 février, il a fait nuit dans la nuit et le temps suspendu est devenu un temps lourd. Le paisible silence de la nuit a cédé la place à un silence retentissant car le chiffre de 72, 36% a non seulement plombé l’atmosphère mais plus encore il a défié la logique électorale qui caractérise les vrais régimes démocratiques. Pourquoi ? Dans ce type de régime, ce genre de résultats ne peut être obtenu que dans un second tour où les citoyens décident de faire barrage à un candidat indésirable qui a pourtant franchi la ligne du premier tour. On peut penser ici, au cas de la France, au deuxième tour de l’élection présidentielle du 5 mai 2002 entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen. Chirac avait eu au premier tour 19,88% et au deuxième tour 82, 21%. Ou encore à l’élection présidentielle de 2017 en France entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen : Macron a remporté le second tour avec 66, 1%.

Mais dans un pays où il y a des mécontentements depuis la prise problématique du pouvoir en 2005, de vives tensions sociales depuis 2017, d’incessantes contestations d’un système qui régente la vie sociopolitique depuis plusieurs décennies est-il possible et rationnellement soutenable de gagner au premier tour avec 72,36% alors qu’il y a une réelle aspiration au changement et à l’alternance ? L’histoire politique fournit des exemples et indique que c’est possible mais alors ce n’est pas dans des pays démocratiques. C’est souvent et presque toujours dans des pays où les élections ne sont que des prétextes pour conserver le pouvoir politique. Dans ces cas l’élection, au lieu d’être un mode de dévolution du pouvoir à quelqu’un que le peuple se donne librement, n’est qu’une forme de confiscation du pouvoir.

Le Togo serait-il devenu le paradigme moderne d’une victoire avec un tel score malgré les multiples contestations sociales? Il est légitime d’être un modèle mais alors il faut être un modèle qui permet à l’humanité d’avancer et de faire des bonds qualitatifs. Les résultats du 23 février, loin de donner une légitimité, laissent envisager la pérennité de l’ancien régime et deviennent source de contestation et d’aggravation de la crise. On peut dès lors se demander si au XXI è siècle et dans le contexte du désir de renaissance africaine de telles pratiques peuvent favoriser le développement. Que serait donc la nature de ce développement auquel les citoyens ne peuvent pas participer en commençant par le choix de leurs dirigeants ? Peut-on clamer haut et fort qu’on a contribué à l’amélioration des conditions de vie et de travail de ses concitoyens et en même temps leur refuser la capacité d’évaluer librement ce qui est fait en l’approuvant ou en désapprouvant ?

Si cette capacité est reconnue et n’est pas un simple jeu pourquoi retire-t-on à la dernière minute l’accréditation à la CNSC par un communiqué dont les motifs ne sont pas clairs ? Pourquoi a-t-on, refusé de donner l’accréditation à la CEJP et à d’autres organisations de la société civile au plan national pour l’observation de l’élection présidentielle de 2020 ? Si la transparence était acquise pourquoi a-t-on renvoyé la délégation de NDI et pourquoi at-on retiré SINCERE par un communiqué ? Tout cela ne laisse-t-il pas planer un sérieux doute sur le processus électoral ? Or la transparence ne se décrète pas, elle se démontre.

De fait ce qui s’est passé dans la nuit du dimanche 23 après le vote du 22 février, ne constituerait-il pas à bien des égards un refus de la vérité des urnes ? Le chiffre de 72,36 % ne serait-il pas un élément de plus qui consacre l’inexistence d’un régime démocratique dans notre pays ? De quoi a-t-on peur en évoquant à chaque instant le concept de la neutralité? Auraiton oublié ces mots du jeune avocat congolais, Jacques Mukenga Sefu, qui fait la fierté de tout notre continent :

« On nous a vanté mille vertus de la neutralité. On a répandu que la neutralité serait la sagesse de la prudence, ou la prudence de la sagesse ; … qu’elle garantirait la paix républicaine. On a même soutenu que la neutralité serait gage de crédibilité. Mais non. Ce n’est là qu’une péroraison tonitruante. À dire vrai, Dieu sait que toute neutralité cache une lâcheté qui a honte à s’avouer. La neutralité, c’est de la lâcheté.

Est-il besoin de le prouver ? En fait, vous le savez bien autant que moi, la raison humaine est jugement… Il en résulte qu’aussitôt qu’éclairé par les données d’un débat ou d’un conflit, 3 humain, on ne peut ne pas prendre parti. La neutralité donc, si tant est qu’il soit possible d’être neutre, la neutralité dis-je, n’est qu’une posture d’imposteur, adoptée pour le besoin de la cause, ou pour la cause du besoin ; un leurre, une ruse…

Dès lors, si s’interdire de clamer tout haut ses convictions par peur d’en subir les conséquences n’est pas de la lâcheté ; si s’interdire l’action par crainte de représailles n’est pas de la lâcheté ; si enfin, voir l’injustice et passer son chemin n’est pas de la lâcheté, admettez au moins, admettez néanmoins que cela y ressemble beaucoup. Non, jamais, jamais la neutralité, la neutralité n’est pas une vertu. »

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