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Le milieu ancestral en pays Guin est malade de ses filles et ses fils

ByTesko2022

Fév 14, 2025

Crise de valeurs, conflits internes et perte d’authenticité : un héritage en péril

Autrefois socle de la cohésion sociale et de l’identité culturelle du peuple Guin, le milieu ancestral est aujourd’hui fragilisé par ses propres enfants. Ceux qui devraient être les gardiens et les protecteurs des traditions sont parfois les premiers fossoyeurs de ces valeurs.

Conflits de pouvoir, abus de position, instrumentalisation des rites, désintérêt des jeunes et influence extérieure : autant de maux qui gangrènent un espace censé être un refuge de spiritualité et de transmission. Le constat est amer : le milieu ancestral Guin est malade de ses filles et de ses fils.

Mais comment en est-on arrivé là ? Quelles sont les causes profondes de cette crise ? Qui peut encore sauver ce qui reste du patrimoine spirituel et culturel ?

  1. Un milieu ancestral autrefois respecté et structuré

Le peuple Guin, installé principalement au sud du Togo et dans certaines régions du Ghana et du Bénin, possède un riche patrimoine culturel et spirituel.

Dans les temps anciens, le milieu ancestral était un espace sacré, un lieu où les rites, les croyances et la parole des aînés régissaient la vie collective.

1.1. Une organisation fondée sur des valeurs fortes

Le système ancestral Guin reposait sur trois piliers fondamentaux :

Le respect des aînés et des chefs traditionnels : leur parole était une référence, leurs décisions ne souffraient d’aucune contestation.
La transmission des savoirs et des rites : les jeunes étaient initiés aux traditions dès leur plus jeune âge, garantissant la perpétuation de l’héritage.
La spiritualité comme fondement de la communauté : les prêtres et les vodunons (prêtres vodou) assuraient l’équilibre entre le monde visible et invisible.
Ces piliers garantissaient l’harmonie et la stabilité de la communauté, évitant les crises internes et les dérives individuelles.

1.2. Un respect inébranlable pour les rites et traditions

Les rituels et cérémonies marquaient les grandes étapes de la vie : naissance, initiation, mariage, décès… Chaque étape était accompagnée de rites précis, dont le respect garantissait l’ordre social et spirituel.

Mais aujourd’hui, ces bases solides sont en train de s’effriter…

  1. Une crise interne causée par les propres enfants du milieu ancestral

Le milieu ancestral Guin ne souffre pas tant d’une attaque extérieure que de la trahison de ceux qui sont censés le préserver.

2.1. La cupidité et la lutte pour le pouvoir

Autrefois, les chefs, les prêtres et les notables étaient désignés en fonction de leur mérite et de leur sagesse. Aujourd’hui, l’argent, les intérêts personnels et la manipulation prennent souvent le dessus.

Des querelles de succession éclatent dans les familles royales et dans les lignées sacerdotales.
Les postes de responsabilité sont monnayés, créant un déséquilibre entre pouvoir spirituel et intérêts matériels.
Certains prêtres et chefs traditionnels utilisent leur position pour asseoir un pouvoir personnel, au détriment de la communauté.
Le milieu ancestral devient ainsi un terrain de conflits et de divisions, affaiblissant son autorité et son rôle initial.

2.2. L’abandon progressif des rites et de la discipline

Autrefois, les rites étaient suivis avec rigueur et respect. Aujourd’hui, on observe des pratiques de plus en plus relâchées, voire déformées par ceux-là mêmes qui devraient les préserver.

Certains prêtres ne respectent plus les initiations traditionnelles et les pratiquent de manière superficielle.
Les jeunes ne sont plus systématiquement formés aux valeurs ancestrales, créant une rupture générationnelle.
Les cérémonies sont parfois transformées en événements lucratifs, où le profit prend le pas sur la spiritualité.


2.3. Le mépris des jeunes pour leur propre héritage

Une part de la responsabilité repose aussi sur les jeunes générations, qui, influencées par la modernité et les valeurs occidentales, considèrent parfois les traditions comme dépassées.

Le désintérêt croissant pour les rites et l’histoire familiale fragilise la transmission des savoirs.
Beaucoup préfèrent se tourner vers les religions importées, rejetant leur propre héritage culturel.
Les anciens, souvent critiqués ou contestés, peinent à transmettre leurs connaissances à une jeunesse désabusée.
Le danger est réel : si les jeunes ne s’approprient pas leur propre culture, qui la préservera demain ?

  1. Comment restaurer l’équilibre et sauver le milieu ancestral Guin ?

Face à ces défis, il est urgent d’agir pour éviter une disparition progressive du socle culturel et spirituel Guin.

3.1. Ramener l’éthique et la discipline dans le milieu ancestral

Les chefs traditionnels et les prêtres doivent retrouver leur intégrité et s’engager dans une gouvernance basée sur le respect et l’honnêteté.

Mettre fin aux querelles de pouvoir et aux intérêts personnels.
Réhabiliter les valeurs ancestrales authentiques et punir ceux qui les détournent.
Créer un cadre strict pour garantir le respect des rites et de la discipline spirituelle.


3.2. Réconcilier les générations : le rôle des jeunes et des anciens

Les jeunes doivent prendre conscience de l’importance de leur héritage, mais pour cela, les anciens doivent aussi revoir leur manière de transmettre.

Organiser des séminaires et des formations sur la culture et la spiritualité Guin.
Encourager les jeunes à participer activement aux rites et cérémonies.
Utiliser les technologies modernes (réseaux sociaux, vidéos, conférences) pour rendre les traditions accessibles.


3.3. Lutter contre les influences négatives extérieures

Il ne s’agit pas de rejeter la modernité, mais de l’intégrer intelligemment sans perdre l’âme du peuple Guin.

Revaloriser les religions et rites ancestraux face aux influences extérieures.
Créer des espaces de dialogue entre la tradition et le monde contemporain.
Encourager un retour aux sources tout en restant ouverts aux évolutions du monde.

  1. L’urgence de sauver le patrimoine Guin

Le milieu ancestral Guin est en crise, et cette crise est le fait de ses propres enfants. Entre manque de discipline, querelles de pouvoir et abandon des rites, c’est toute une culture qui risque de disparaître si rien n’est fait.

Pourtant, l’espoir est encore permis. Si les chefs traditionnels, les prêtres et la jeunesse s’unissent dans une volonté commune de restauration des valeurs, il est possible de redonner au milieu ancestral toute sa noblesse.

La question est désormais entre les mains des fils et filles du pays Guin : voudront-ils être les acteurs de la renaissance de leur héritage, ou les complices de sa disparition ?

Dimitri AGBOZOH-GUIDIH

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