• 27 juillet 2024 8h00

Miadé Bé Nou

Traditions, Cultures ancestrales et Actualités du Togo, d'Afrique et du Monde

Opposition muselée

ByAristo

Juin 8, 2023

Acteurs politiques et société civile avaient prévu de se réunir le 26 mai 2023 à Brotherhomé à Lomé. Histoire de repenser à la manière dont il faut rendre son dynamisme à une opposition qui se réduit, au fils des jours, comme peau de chagrin. Me Dodji Apevon des Forces démocratiques pour la République (FDR), Antoine Folly de l’Union des démocrates socialistes (UDS) Togo, Dr Georges Kuessan de Santé du Peuple, Pr David Dosseh du Front citoyen Togo Debout (FCTD), Thomas Koumou de la Coalition Lidaw, etc. croyaient avoir les coudées franches pour aborder la question. C’était sans compter sur les forces de l’ordre qui ont étouffé la rencontre dans l’œuf.

Pour ces agents de l’autorité, il n’était pas question qu’aucune réunion se tînt. D’où serait venu l’ordre d’interdire cette rencontre, rien n’a filtré pour le moment. Même si les doigts accusateurs sont d’ores et déjà pointés sur le ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et du développement des territoires : Payadowa Boukpessi, ministre d’État.

Coutumier du fait, lui qui pour un oui pour un non dénie aux opposants le droit de manifester, il n’est pas étonnant que l’on apprenne que cette interdiction vienne de lui. Après tout, n’est-ce pas dans ses attributions de décider de qui manifeste ou non ? L’apparition de la COVID 19 aidant, il a serré autant que faire se pouvait la vis aux contradicteurs idéologiques de Faure Gnassingbé. On le croyait un peu calmé. Or, le droit de manifester figure bel et bien dans la Constitution togolaise. Sous prétexte d’adapter l’outil juridique (la loi du 16 mai 2011) au contexte nouveau marqué par les menaces terroristes dans la sous-région et aux portes de notre pays, et de «parvenir au meilleur encadrement des manifestations pacifiques publiques afin d’assurer la sécurité aux riverains et d’offrir surtout à la sécurité aux manifestants qui manifestent, dans le cadre de la liberté de manifestation garantie par notre constitution, pour une raison ou pour une autre», le gouvernement n’a trouvé mieux que de limiter «le nombre de manifestations organisées par semaine dans une ville », en fonction, assure-t-il, « de la disponibilité des forces de sécurité et de l’ordre devant être affectées à l’encadrement desdites manifestations ». Il y a pire : la nouvelle loi stipule que les réunions ou les manifestations pacifiques sur la voie publique et dans les lieux publics ne peuvent se tenir avant onze (11) heures et au-delà de dix-huit (18) heures.

Les Togolais ont vu depuis août 2019 leur liberté de manifester agoniser. Le pouvoir des Gnassingbé souhaiterait faire cesser pour de bon toute velléité de manifestation et diriger le Togo tout droit vers la monarchie absolue, qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Et dire qu’on est à une ère où les lignes bougent dans bien des nations.

Source : Journal « Le Correcteur »

By Aristo