Où est passé le bon sens en milieu ancestral ?

Dans de nombreux milieux ancestraux, on observe malheureusement que certains prêtres traditionnels abusent de leur position pour des gains personnels, compromettant ainsi les valeurs et l’intégrité de leurs communautés. Le pouvoir et l’influence qui leur sont conférés sont parfois utilisés pour extorquer de l’argent ou des faveurs de la part des membres de la communauté, au lieu de protéger et de perpétuer les traditions ancestrales. Ces abus de pouvoir peuvent entraîner une perte de confiance parmi la population et une dégradation des valeurs culturelles et morales qui ont longtemps assuré la cohésion sociale.

Les querelles internes entre prêtres traditionnels, souvent motivées par des intérêts personnels ou matériels, représentent une autre manifestation de cette dérive. Par exemple, lorsque des insignes traditionnels sont distribués à des non-initiés en échange d’argent, cela sape la légitimité et le respect des symboles sacrés. De telles actions créent des divisions au sein de la communauté, engendrent des conflits et affaiblissent l’autorité des institutions traditionnelles. Il est donc crucial de réévaluer et de renforcer les mécanismes de gouvernance traditionnelle afin de préserver le bon sens et l’harmonie en milieu ancestral.

Quand les valeurs traditionnelles vacillent sous le poids des dérives

Un Héritage en Péril ?

Le monde ancestral africain repose sur des valeurs fondamentales : le respect, l’intégrité, la transmission des savoirs, et la sagesse des anciens. Pourtant, aujourd’hui, ces principes sacrés semblent menacés par des dérives inquiétantes. Abus de confiance, escroquerie, usurpation de titres, et loi du plus fort se répandent dans des milieux où la morale et l’éthique devraient primer.

Que se passe-t-il exactement dans le monde ancestral ? Pourquoi le bon sens, qui a toujours guidé les communautés, semble-t-il s’effacer au profit d’intérêts égoïstes ? Assiste-t-on à une dégradation des traditions ou à une instrumentalisation du pouvoir spirituel et culturel ? Cet article explore les maux qui minent le milieu ancestral et propose une réflexion sur la nécessité de restaurer les valeurs fondamentales de nos sociétés africaines.

1. La Raison du Plus Fort : Quand la Tradition Devient un Champ de Bataille

Dans le passé, les chefs traditionnels, les prêtres et les sages étaient respectés non pas parce qu’ils imposaient leur autorité par la force, mais parce qu’ils incarnaient la sagesse et l’équilibre. Leur pouvoir découlait de leur capacité à écouter, à trancher avec justice et à défendre les intérêts de la communauté.

Aujourd’hui, cependant, la donne change. La loi du plus fort tend à remplacer celle du bon sens et de la justice.

Lutte de pouvoir dans les chefferies traditionnelles : Les querelles de succession sont devenues monnaie courante, avec des affrontements entre prétendants au trône. Là où le choix du leader reposait autrefois sur des critères de compétence et d’héritage spirituel, on assiste aujourd’hui à des luttes intestines où les intérêts politiques et financiers prennent le dessus.
Imposition d’autorité par la force : Certains leaders traditionnels n’hésitent plus à utiliser la menace et la coercition pour asseoir leur domination, écartant toute opposition et réduisant au silence ceux qui osent contester leur légitimité.
Ainsi, le pouvoir n’est plus une responsabilité, mais une arme pour écraser les plus faibles. Ce phénomène met en péril la confiance que les populations accordaient aux figures traditionnelles et compromet l’équilibre des sociétés ancestrales.

2. L’Abus de Confiance : Quand la Parole Sacrée est Galvaudée

Dans les sociétés africaines traditionnelles, la parole donnée est sacrée. Elle symbolise l’honneur, la droiture et l’engagement. Autrefois, un chef de village, un prêtre ou un sage ne pouvait se permettre de mentir ou de trahir la confiance de son peuple. Aujourd’hui, cet idéal semble s’effriter.

Des promesses non tenues : Certains responsables traditionnels n’hésitent plus à faire des promesses en échange de faveurs financières ou matérielles, sans jamais les tenir.
Des rites détournés à des fins personnelles : Certains prêtres ou devins utilisent leur position pour manipuler des fidèles, en leur imposant des sacrifices excessifs ou en exploitant leur crédulité pour s’enrichir.
Des décisions injustes : Là où les conseils traditionnels étaient censés être des garants d’équité, on observe désormais des jugements biaisés, où le plus offrant l’emporte sur la vérité.
L’abus de confiance gangrène le milieu ancestral et crée un fossé entre les populations et leurs dirigeants spirituels ou coutumiers. Cette perte de crédibilité met en danger la transmission des traditions et favorise le rejet des structures ancestrales.

3. L’Escroquerie : Quand la Foi et la Tradition Deviennent des Marchandises

Un autre mal ronge les milieux traditionnels : l’escroquerie sous couvert de spiritualité ou de coutume.

Prolifération de faux prêtres et devins : Nombreux sont ceux qui, sans réelle initiation, se proclament prêtres vodoun, marabouts ou guérisseurs et exploitent la détresse des gens pour leur soutirer de l’argent.
Vente de faux remèdes et fétiches : Des objets sacrés, censés porter chance ou protéger du mal, sont vendus à des prix exorbitants, alors qu’ils n’ont aucune réelle valeur spirituelle.
Détournement des dons communautaires : Dans certaines régions, les contributions destinées aux rites ancestraux sont détournées par des responsables, privant la communauté de ses ressources et de ses traditions.
Cette tendance alarmante pousse de nombreux Africains à se détourner de leurs croyances ancestrales au profit d’autres formes de spiritualité ou de modes de pensée plus modernes.

4. L’Usurpation de Titre : Quand les Faux Guides Détruisent l’Ordre Ancestral

Autrefois, devenir chef traditionnel, prêtre ou initié était un processus long et rigoureux, nécessitant des années d’apprentissage, de sacrifices et de dévouement. Aujourd’hui, cette rigueur est menacée par une vague d’usurpation de titres.

Des intronisations frauduleuses : Certains individus, sans l’aval des anciens ni le respect des rites d’initiation, s’auto-proclament rois, chefs ou prêtres, s’octroyant des titres pour asseoir un pouvoir personnel.
Des imposteurs qui manipulent les traditions : Certains leaders autoproclamés détournent les rites ancestraux pour les adapter à leurs ambitions, allant jusqu’à modifier l’histoire et les pratiques pour justifier leur autorité.
Des querelles internes qui affaiblissent l’héritage ancestral : Les conflits pour le pouvoir au sein des familles royales ou des lignées initiatiques divisent les communautés et affaiblissent la crédibilité des institutions ancestrales.
Le manque de rigueur dans la transmission des titres et des responsabilités est un véritable danger pour la préservation des traditions africaines.

Rétablir l’Honneur et la Dignité du Monde Ancestral

Le milieu ancestral africain est en crise, non pas en raison des traditions elles-mêmes, mais à cause des dérives humaines qui en détournent l’essence. La raison du plus fort, l’abus de confiance, l’escroquerie et l’usurpation de titre fragilisent les bases mêmes du savoir ancestral et éloignent les populations de leurs propres racines.

Que faut-il faire pour restaurer le bon sens et la dignité du monde ancestral ?

Retourner aux valeurs fondamentales : L’intégrité, l’honnêteté et la justice doivent redevenir les principes directeurs des figures traditionnelles.
Renforcer les processus d’initiation et de transmission : Seuls ceux qui ont réellement suivi le chemin de l’apprentissage doivent être reconnus comme guides et garants de la tradition.
Protéger les institutions ancestrales contre les influences corruptrices : Les communautés doivent veiller à ce que leurs chefs et prêtres soient choisis sur des critères de compétence et de sagesse, et non par favoritisme ou par la force.
Sensibiliser la jeunesse à l’importance des traditions authentiques : Car c’est en comprenant leur héritage que les nouvelles générations pourront le défendre et l’adapter sans le dénaturer.
L’Afrique a toujours été un continent de savoir, de sagesse et de spiritualité. Il est urgent de restaurer ces valeurs et de combattre les dérives, afin que le monde ancestral retrouve son éclat et son rôle de guide pour les générations présentes et futures.

Dimitri AGBOZOH-GUIDIH