Face aux crises, à la répression et aux transitions bâclées, l’Afrique attend toujours ses bâtisseurs de démocratie.
Un continent en quête de repères démocratiques
Depuis la fin des indépendances et les vagues successives de démocratisation dans les années 1990, l’Afrique semble coincée entre espoir démocratique et désillusion chronique. Si les Constitutions ont été multipliées, les élections organisées plus régulièrement, et les discours sur les droits humains plus présents, la réalité du pouvoir reste souvent marquée par l’autoritarisme, la corruption et le népotisme.
Mais alors, une question légitime se pose : où sont-ils, les vrais leaders de la démocratie africaine ? Ces femmes et ces hommes intègres, prêts à servir et non à se servir ? Ceux qui mettent leur peuple au centre et non leur ego ? Le silence est pesant. Pourtant, l’Afrique en a plus que jamais besoin.
La crise du leadership démocratique : symptôme d’un mal plus profond
Dans de nombreux pays africains, le mot « démocratie » est brandi comme un label international, mais son application est souvent cosmétique. On vote, on compte les voix, mais on triche, on intimide, on exclut.
Le pouvoir comme une rente privée
Le pouvoir reste, dans l’esprit de beaucoup de dirigeants africains, un privilège à conserver coûte que coûte, souvent au détriment de l’intérêt général. Des chefs d’État révisent les Constitutions pour se maintenir au pouvoir, des opposants sont muselés, et la société civile est harcelée.
Des oppositions souvent faibles ou opportunistes
À l’inverse, une partie de l’opposition est perçue comme inefficace, déconnectée ou instrumentalisée. Peu de leaders politiques africains se distinguent aujourd’hui par une vision claire, une éthique rigoureuse et un engagement profond pour une démocratie durable.
Les rares figures d’espoir : étincelles dans l’obscurité
Il serait injuste de dire que le continent est vide de leadership démocratique. Quelques personnalités – souvent issues de la société civile, du journalisme, ou même de la jeunesse militante – incarnent le courage, la probité, et la vision d’un avenir démocratique.
Les activistes en première ligne
Des figures comme Ras Bath au Mali, Bobi Wine en Ouganda, Nathalie Yamb en Côte d’Ivoire, ou encore Farida Nabourema au Togo sont devenus les symboles d’une résistance jeune et connectée, qui refuse la fatalité autoritaire.
Des ex-dirigeants au parcours exemplaire
Certains anciens chefs d’État comme John Dramani Mahama (Ghana) ou Joaquim Chissano (Mozambique) ont quitté le pouvoir dans le respect des règles constitutionnelles, donnant l’exemple d’une démocratie apaisée et durable. Mais ils restent trop peu nombreux à refuser la tentation du pouvoir à vie.
La jeunesse africaine : une relève sous pression
Le vrai terreau du leadership démocratique, c’est la jeunesse. Elle est connectée, informée, créative. Mais elle est aussi soumise à un système éducatif défaillant, à un chômage massif et à une culture du silence imposée.
Une jeunesse entre résignation et radicalisation
Privée d’espace d’expression politique réel, la jeunesse bascule parfois dans l’indifférence ou l’extrémisme. Là où les jeunes devraient être les artisans du changement, ils deviennent des victimes du système.
Former les futurs leaders démocrates
Les universités, les médias indépendants, les mouvements citoyens, et les plateformes digitales ont un rôle clé : former, inspirer, éveiller les consciences. Le vrai leader de demain ne sera pas celui qui crie le plus fort, mais celui qui comprend, qui unit, qui transforme.
Et maintenant ? Vers une réinvention du leadership en Afrique
L’Afrique ne peut plus se contenter de leaders intéressés, violents ou absents. Elle a besoin de bâtisseurs d’institutions, de protecteurs des libertés, de visionnaires pacifiques et tenaces.
Valoriser l’éthique, pas seulement l’éloquence
Un bon leader n’est pas forcément un tribun. Il ou elle doit faire preuve de cohérence, de loyauté aux valeurs républicaines, de courage moral. L’heure est venue de mettre l’éthique au centre de la gouvernance africaine.
Les peuples comme vigies démocratiques
La responsabilité ne repose pas seulement sur les élites. Les peuples africains doivent cesser de vénérer les leaders au détriment des institutions. La démocratie est un système, pas un homme providentiel.
L’Afrique attend toujours ses vrais leaders
Alors que les crises politiques se multiplient au Sénégal, au Tchad, au Togo, en RDC ou au Burkina Faso, une vérité s’impose : la démocratie africaine est orpheline de ses vrais défenseurs. Ceux qui ne mentent pas, qui ne trahissent pas, qui ne tuent pas l’espoir.
Mais tout n’est pas perdu. Chaque voix libre, chaque citoyen courageux, chaque jeunesse éclairée, porte en elle une promesse de leadership authentique.
Et si les vrais leaders de la démocratie africaine, c’était nous tous, en attente de prendre notre part ?
Dimitri AGBOZOH-GUIDIH
NOTE D'INFORMATION
Depuis le début du mois de septembre 2024, le site miadebenouletogowebtv.com a été victime d'un piratage. Grâce à l'ingéniosité de notre webmaster, nous avons pu rétablir le site, qui a repris ses activités le 13 janvier 2025. Cependant, lors de la récupération des données, nous avons perdu de nombreux articles datant de mai 2023 jusqu'au jour du piratage en septembre 2024.
Nous présentons toutes nos excuses aux hommes, femmes, sociétés, lecteurs et lectrices, ainsi qu'à tous ceux qui nous ont demandé des articles qui n'ont pas pu être récupérés. Nous vous promettons de republier les articles au fur et à mesure de notre progression.
Merci pour votre compréhension.