Jean Ping, Maurice Kamto, Martin Fayulu, Agbéyomé Kodjo… Les institutions de leur pays leur ont donné tort, douchant leur rêve présidentiel, mais ils continuent de revendiquer la magistrature suprême au Gabon, au Cameroun, en RDC et au Togo. Plongée dans le quotidien de ces « présidents élus » qui n’abandonnent pas, mais ne gouvernent pas.
C’était au cœur de l’été 2017, à Paris, dans un salon de l’hôtel Prince-de-Galles. Jean Ping avait commandé un thé. Nous, un simple verre d’eau. L’entretien avait eu du mal à se mettre en place. Question de protocole. Rendez-vous avait d’abord été pris dans un restaurant non loin de là, mais l’endroit n’avait convenu à personne.
L’attachée de presse de Jean Ping avait tenté d’arranger les choses en présentant au patron de l’établissement « Monsieur Jean Ping, président de la République du Gabon », mais le restaurateur n’avait pas sourcillé. Nous avions donc traversé la rue pour nous « réfugier » au Prince-de-Galles, où Jean Ping nous avait lancé cette phrase : « Je me battrai jusqu’à la mort. »
Près de trois années plus tard, l’opposant n’a pas baissé les bras. Mais qui l’écoute encore ? Son infortune ne l’a pas empêché de faire des émules. À Yaoundé, Maurice Kamto revendique, depuis le scrutin d’octobre 2018, la victoire face à Paul Biya. À Kinshasa, c’est Martin Fayulu qui conteste, depuis la fin de cette même année 2018, l’élection de Félix Tshisekedi, et, depuis le 22 février, Agbéyomé Kodjo est convaincu que c’est lui, et non Faure Essozimna Gnassingbé, que les électeurs ont choisi.
Quels sont leurs espoirs ? Comment organisent-ils leur résistance et comment luttent-ils contre le temps et l’oubli ? Comment tiennent-ils financièrement sur un continent où il est difficile de peser sans entretenir et redistribuer ?
De Libreville à Yaoundé, en passant par Lomé, Kinshasa, Washington ou Paris, Jeune Afrique vous propose de vous immiscer, en quatre épisodes, dans le quotidien peu ordinaire de ces « présidents élus » qui ne gouvernent pas.
Source Jeune Afrique
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