POINT DE VUE/Sénatoriales au Togo: Faut-il en rire ou en pleurer ?

Les élections sénatoriales du 15 février 2025 au Togo ont été marquées par une victoire écrasante du parti au pouvoir, l’Union pour la République (UNIR), qui a remporté 34 des 41 sièges élus.

Le rôle des sénateurs au Togo est crucial, car ils participent à l’élaboration des lois aux côtés de l’Assemblée nationale, et jouent un rôle dans la désignation de certaines hautes personnalités, notamment le président du Conseil. Le Sénat, en tant que chambre haute, complète le système législatif unicaméral et renforce la représentation des collectivités territoriales.

Cependant, le débat sur la transparence et l’équité de ces élections reste entouré de scepticisme, surtout depuis que le régime en place détient encore une majorité avec 34 sénateurs sur les 41 élus. Les 20 autres sénateurs seront nommés par le Chef de l’État, ce qui laisse peu de place à une opposition significative. Cette situation soulève des questions sur la diversité des opinions et la possibilité de débats contradictoires au sein du Sénat.

Aux bonnes volontés cherchant la vérité, il est crucial de discerner les faits des mensonges véhiculés sur les réseaux sociaux par les partisans du régime RPT-UNIR. Ces derniers utilisent la désinformation comme l’arme principale de leur politique. Pour éclaircir cette réalité, rappelons quelques points fondamentaux :

La constitution originelle, votée par référendum par le peuple togolais souverain et promulguée le 14 octobre 1992, n’a jamais institué de Sénat. À l’époque, l’exécutif était bicéphale (Président de la République et Premier Ministre), tandis que le pouvoir législatif était monocaméral, composé uniquement de l’Assemblée Nationale. Ce n’est que le 31 décembre 2002, lors du premier remaniement de cette constitution pour lever la limitation du mandat présidentiel au bénéfice de Chef de l’État, que l’Assemblée Nationale dominée par le RPT et ses quelques alliés de l’opposition ont unilatéralement introduit le Sénat dans la constitution togolaise. À l’époque, l’Assemblée Nationale avait été investie des prérogatives du Sénat jusqu’à sa mise en place effective.

Il a fallu 17 années au régime en place pour organiser les premières élections locales (les municipales), et six années supplémentaires pour le reste, soit un total de 23 années avant que le régime ne décide de mettre en place cette chambre sénatoriale. Cette dernière, inutilement coûteuse, ne sert qu’à offrir une retraite dorée aux alliés du régime en place, après plus de 60 années de pouvoir sans partage. Le régime a soigneusement préparé la dévolution de ce pouvoir républicain à travers une prétendue 5ème République, imposée de manière anticonstitutionnelle au peuple togolais abasourdi.

Face à ces provocations, il est évident que le Togo, sous le régime en place et leurs alliés, montre un incroyable talent pour maintenir un statu quo, sans réelle volonté d’évolution. La jeunesse togolaise se trouve ainsi en péril, sans emploi, sans infrastructures adéquates, et avec des perspectives d’avenir limitées. La mauvaise gouvernance continue de rendre la population togolaise malheureuse et prive le pays des avancées nécessaires à son développement. Il est impératif que des réformes profondes soient entreprises pour mettre fin à cette situation désastreuse et offrir un meilleur avenir aux Togolais.

En fin de compte, le statut des sénateurs et leur rôle au sein du parlement resteront des sujets de discussion tant que le régime actuel conserve sa majorité. Les élections sénatoriales marquent un tournant dans la gouvernance locale, mais aussi un défi pour assurer une représentation équitable et une gouvernance démocratique au Togo.

Tesko Aristo Zowadan