Depuis quelque temps, des Togolais, tant au pays qu’à l’étranger, expriment leur colère sur les réseaux sociaux face à la gouvernance actuelle. Oui, leur indignation est légitime.
Toutefois, certains préfèrent s’appuyer sur des contrevérités et des règlements de comptes liés à des faits et actes du passé concernant certains dirigeants togolais.
Une politique sans mensonge, bien qu’idéale, reste un défi complexe. En réalité, le mensonge est souvent utilisé comme un outil politique, mais il nuit profondément à la confiance publique et à la démocratie. Il est donc essentiel de promouvoir la transparence et la sincérité en politique, tout en tenant compte des limites et des enjeux liés à la communication et aux dénonciations.
Le mensonge, omniprésent dans le domaine politique, sert souvent à manipuler l’opinion publique, dissimuler des faits ou éluder certaines responsabilités. Ses conséquences peuvent être graves: perte de confiance envers les institutions et leurs représentants, propagation de la désinformation et accentuation des divisions entre citoyens.
Dire la vérité en politique est fondamental afin que les citoyens puissent voter en toute connaissance de cause et maintenir leur confiance dans les institutions démocratiques.
Récemment, une vidéo publiée sur sa page TikTok par l’artiste togolais Zaga Bambo, actuellement établi à l’étranger, est devenue virale sur les réseaux sociaux. Dans celle-ci, il critique vivement l’ancien ministre de l’Économie et des Finances, Monsieur Adji Otèth Ayassor.
Je vais vous rapporter les faits à travers ces quelques lignes.
Fait 1:
Tout a commencé il y a quelques années lorsque l’artiste togolais Zaga Bambo a collaboré avec l’Ivoirien Bébi Philip sur un titre intitulé « Zinawa ». Dans cette chanson, Zaga Bambo a mentionné le nom du fils de l’ancien ministre de l’Économie et des Finances, et le nom du ministre Adji Otèth Ayassor, alors en fonction.
Par la suite, l’artiste aurait espéré recevoir une récompense financière pour avoir cité le nom du ministre dans son œuvre. Toutefois, ce dernier, n’étant pas adepte des éloges opportunistes ( attalakou) et n’ayant jamais demandé à figurer dans une chanson, n’a pas répondu favorablement à cette attente. Cette situation aurait conduit l’artiste à ressentir une certaine amertume envers le ministre.
Fait 2:
Plus tard, Zaga Bambo a souhaité organiser un concert au Palais des Congrès de Lomé, mais on lui a indiqué que ce lieu était en rénovation. Déterminé à obtenir l’autorisation, il a tenté par tous les moyens de contacter le ministre Adji Otèth Ayassor, lui demandant d’intervenir afin que son concert puisse se tenir coûte que coûte dans cet espace.
Cependant, le ministère a précisé qu’il n’avait aucun pouvoir pour donner des directives aux responsables du Palais des Congrès, la gestion de la salle relevant d’autres instances. Ne pouvant obtenir satisfaction, l’artiste n’a finalement pas pu organiser son concert dans le lieu souhaité.
Vérité ou ressentiment?
En combinant ces deux faits, Zaga Bambo, dans une vidéo devenue virale sur TikTok, accuse l’ancien ministre Adji Otèth Ayassor d’avoir détourné 27 milliards de francs CFA lors de la construction du contournement de Défalé, tout en affirmant que ses enfants dilapident cet argent à travers le pays.
L’artiste Zaga Bambo a attendu tout ce temps pour diffuser des accusations à l’encontre de l’ancien ministre de l’Économie et des Finances, Adji Otèth Ayassor.
Mais une question demeure: de qui aurait-il pris ces fameux 27 milliards?
Pour rappel, c’est bien Adji Otèth Ayassor, alors ministre de l’Économie et des Finances, qui s’était rendu en Chine afin de négocier le financement de plusieurs grands projets d’infrastructure, notamment:
- L’Aéroport International Gnassingbé Eyadema
- Le contournement de Lomé (Phase 1 et 2)
- Le contournement d’Alédjo
- Le contournement de Défalé
Ces financements, obtenus sous son mandat, ont été directement octroyés à des entreprises de BTP chinoises. Par conséquent, les fonds n’ont jamais transité par le Togo, puisque les entreprises chinoises ont elles-mêmes financé l’achat des matériaux nécessaires et mobilisé leurs équipes pour la construction des routes.
Alors, où, quand et comment aurait-il détourné ces 27 milliards?
Un parcours marqué par la rigueur et l’engagement
Reconnu pour son expertise et son engagement dans le développement du Togo et de l’Afrique, Adji Otèth Ayassor demeure une personnalité influente. Son parcours est riche en réalisations et en défis, et il s’est toujours investi avec une volonté constante de servir son pays.
Il convient de rappeler qu’il n’était pas ministre des Travaux publics, donc il ne gérait pas directement les projets routiers. Son rôle était avant tout de mobiliser des ressources financières aux niveaux national et international afin de financer les dépenses publiques, tout en veillant au contrôle de la gestion.
Durant sa carrière, il a occupé des postes de gouverneur au sein de nombreuses institutions internationales:
- Gouverneur au FMI pendant 10 ans
- Gouverneur de la Banque Islamique de Développement pendant 10 ans
- Gouverneur à la Banque Africaine de Développement (BAD) pendant 10 ans
Depuis janvier 2017, Adji Otèth Ayassor évolue au sein d’une institution internationale, où il bénéficie d’un salaire et de privilèges liés à son statut.
Son passage au gouvernement a été marqué par des réformes audacieuses, visant à moderniser et assainir les finances publiques. Aujourd’hui encore, il vit de sa plume et de son expertise.
La liberté d’expression est un droit fondamental, et il est légitime que les citoyens, les artistes et les influenceurs togolais dénoncent la mauvaise gouvernance du pays. Cependant, cette démarche doit être guidée par la franchise et l’ honnêteté absolue, afin d’éviter la désinformation et la manipulation.
Diffuser des accusations infondées ou exagérées à l’encontre d’un politicien ou d’un dirigeant dans le seul but de gagner en visibilité sur les réseaux sociaux peut avoir des conséquences graves, tant sur le plan juridique que sur la crédibilité de ceux qui les propagent. L’engagement citoyen doit rester une quête de vérité et de justice, et non une arme pour satisfaire des intérêts personnels ou susciter la polémique.
Tesko Aristo Zowadan
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