Dans les sociétés africaines, les associations traditionnelles jouent un rôle fondamental dans la préservation des valeurs ancestrales, la médiation sociale et la transmission du savoir. Toutefois, lorsque les dirigeants de ces structures refusent de céder leur place et s’accrochent au pouvoir pendant plus d’une décennie, l’organisation se transforme en un espace de conflits, de népotisme et de perte de légitimité.
Comment une association qui devrait être un pilier de cohésion peut-elle survivre à une direction immobile et sclérosée ? Quels dangers guettent ces structures lorsqu’elles deviennent des forteresses personnelles entre les mains de quelques individus ? Cet article analyse les dérives d’un pouvoir éternel en milieu ancestral et explore les solutions pour restaurer l’ordre, la transparence et la légitimité.
L’association traditionnelle : Un outil au service du collectif
Dans de nombreuses communautés africaines, les associations traditionnelles ont une importance capitale. Elles sont les garantes des rites, des pratiques culturelles et de la solidarité communautaire.
Le rôle fondamental d’une association en milieu ancestral
Préserver les traditions
L’association veille à la sauvegarde et à la transmission des valeurs ancestrales. Elle s’assure que les jeunes générations restent connectées aux pratiques et aux croyances qui ont façonné la communauté.
Médiation et arbitrage des conflits
Elle joue un rôle central dans le règlement des litiges locaux, évitant ainsi le recours systématique aux tribunaux modernes qui sont souvent perçus comme inadaptés aux réalités traditionnelles.
Solidarité et développement communautaire
En période de crise, l’association mobilise les ressources de la communauté pour venir en aide aux membres en difficulté.
Cependant, ces missions ne peuvent être menées efficacement que si la gouvernance est saine, transparente et inclusive. Or, un bureau dirigeant qui s’éternise devient souvent un obstacle au bon fonctionnement de l’organisation.
15 ans de règne : Quand une association devient un instrument de pouvoir personnel
Dans le contexte ancestral, l’alternance et le renouvellement des dirigeants sont essentiels pour assurer un bon équilibre des forces et garantir la continuité des valeurs culturelles.
Lorsqu’un bureau reste en place pendant 15 ans ou plus, plusieurs dérives se manifestent :
Une gouvernance figée et autoritaire
Des décisions prises en cercle restreint
Avec le temps, la direction en place s’entoure uniquement de fidèles, excluant toute voix discordante et empêchant les nouvelles idées d’émerger.
Absence de consultation des membres
Les adhérents ne sont plus impliqués dans les grandes orientations de l’association, réduisant leur engagement et leur motivation à participer aux activités.
Népotisme et favoritisme
Les postes de responsabilité sont attribués non plus sur la base du mérite, mais selon les affinités personnelles et familiales.
Une perte de crédibilité et de légitimité
Méfiance des membres
À force de voir les mêmes visages aux commandes, les membres finissent par se lasser et perdre confiance dans l’impartialité et l’intégrité de l’association.
Rejet des jeunes générations
Une association qui ne se renouvelle pas devient un club fermé, où les jeunes ne trouvent plus leur place. Résultat : ils se détournent de l’organisation, affaiblissant ainsi sa portée et son impact sur la communauté.
Une dérive vers la dictature interne
Suppression des opposants
Ceux qui osent critiquer sont mis à l’écart, diffamés, voire menacés pour qu’ils ne perturbent pas l’ordre établi.
Règlement intérieur manipulé
Certains bureaux modifient les statuts et règlements pour s’octroyer des mandats illimités ou pour neutraliser toute tentative de contestation.
Désordre et tensions internes : Les conséquences d’un règne prolongé
Une association censée unir les membres devient une source de tensions et de divisions lorsque son bureau dirigeant refuse d’organiser une alternance démocratique.
Un climat de crise permanent
Multiplication des conflits internes
Les membres finissent par s’affronter sur des questions de leadership, d’influence et de gestion des ressources.
Certains quittent l’association et créent des groupes rivaux, affaiblissant la cohésion du milieu ancestral.
Détournement des ressources
Un bureau qui reste trop longtemps sans rendre de comptes finit souvent par gérer les finances dans l’opacité, ce qui engendre des soupçons de détournement et de corruption.
Un blocage de l’évolution et du développement
Pas d’innovation ni d’adaptation
Le monde évolue, mais une association figée refuse d’intégrer les nouvelles dynamiques qui pourraient lui permettre d’être plus efficace.
Frein à la transmission du savoir
Les anciens monopolisent la parole et empêchent les jeunes générations d’accéder à des responsabilités, mettant ainsi en péril la continuité du savoir ancestral.
Comment sortir de cette impasse ?
Face à ces dérives, plusieurs solutions existent pour restaurer la transparence et la démocratie au sein des associations traditionnelles.
Imposer une durée limitée des mandats
Mettre en place une rotation obligatoire pour éviter l’accaparement du pouvoir.
Adopter des statuts clairs interdisant plus de deux mandats consécutifs.
Renforcer la transparence et la reddition des comptes
Obliger le bureau à présenter régulièrement un bilan des activités et des finances.
Encourager la participation active des membres dans la prise de décisions.
Former et intégrer les jeunes générations
Instaurer des formations pour les jeunes afin qu’ils puissent reprendre le flambeau dans les meilleures conditions.
Associer les jeunes aux comités de gestion pour garantir une transition en douceur.
Faire respecter les valeurs ancestrales de justice et d’équité
Faire appel aux anciens et aux chefs coutumiers pour arbitrer les conflits et rappeler les principes fondamentaux du vivre ensemble.
Encourager le dialogue et la concertation entre les différentes générations.
Conclusion : Une réforme indispensable pour préserver l’unité
Les associations en milieu ancestral ont une mission noble et essentielle : préserver le lien entre les générations, protéger les traditions et renforcer la solidarité communautaire.
Cependant, l’accaparement du pouvoir par une poignée d’individus transforme ces structures en outils de domination, semant le désordre et la division.
Il est donc urgent d’imposer des réformes, de restaurer la démocratie interne et d’assurer une gouvernance transparente, afin que ces organisations restent des espaces d’union et de transmission, et non des arènes de conflits et de pouvoir personnel.
Car en fin de compte, une association n’appartient pas à un groupe restreint, mais bien à toute la communauté qu’elle est censée servir.
Dodzi AGBOZOH-GUIDIH
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