• mer. Fév 12th, 2025

MIADEBENOULETOGOWEBTV

Miadebenouletogowebtv

Quel avenir pour la CEDEAO sans les pays du Sahel ?

ByTesko2022

Jan 27, 2025

Une CEDEAO fragilisée par les ruptures géopolitiques: Depuis sa création en 1975, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est imposée comme un acteur clé du développement économique, de l’intégration régionale et de la stabilité politique en Afrique de l’Ouest.

Cependant, les récents bouleversements politiques dans plusieurs pays du Sahel, notamment au Mali, au Burkina Faso, au Niger et dans une moindre mesure au Tchad (non membre mais influent dans la zone), ont mis à mal la cohésion de l’organisation. Avec les tensions croissantes entre les gouvernements sahéliens et les dirigeants de la CEDEAO, une question cruciale se pose: quel avenir pour cette organisation si les pays du Sahel venaient à s’en éloigner définitivement ?

Le Sahel : un cœur stratégique pour la région

Le Sahel, qui s’étend comme une ceinture semi-aride en dessous du désert du Sahara, joue un rôle vital dans l’équilibre de la sous-région ouest-africaine. En plus de ses richesses naturelles (uranium, or, ressources agricoles), il constitue une zone tampon contre les menaces transnationales telles que le terrorisme, la migration irrégulière et les trafics divers. Le Mali, le Niger et le Burkina Faso, en particulier, occupent des positions stratégiques pour la sécurité régionale.

Toutefois, les récents coups d’État dans ces pays ont entraîné une série de sanctions économiques et diplomatiques de la part de la CEDEAO. En réaction, ces États ont adopté des postures de défiance, critiquant ce qu’ils perçoivent comme une ingérence étrangère dans leurs affaires intérieures. Le risque de rupture entre ces nations sahéliennes et la CEDEAO pourrait créer un vide dangereux, non seulement en termes de sécurité, mais aussi pour l’intégration économique de la région.

Une organisation face à des choix difficiles

La CEDEAO se trouve dans une impasse : maintenir son autorité en sanctionnant les régimes militaires ou opter pour le dialogue afin d’éviter une scission durable. Ces décisions sont d’autant plus complexes que plusieurs de ses membres, tels que le Sénégal, le Ghana ou la Côte d’Ivoire, affichent une posture stricte vis-à-vis des coups d’État, tandis que d’autres, comme la Guinée et le Togo, prônent une approche plus souple.

L’absence prolongée des pays sahéliens affaiblirait considérablement le bloc régional. En effet, la CEDEAO a besoin de leur contribution pour relever des défis majeurs :

Lutte contre le terrorisme : Les groupes djihadistes, déjà en expansion dans le Sahel, pourraient profiter des divisions régionales pour accroître leur influence.
Commerce et infrastructures : L’intégration économique repose en grande partie sur les corridors commerciaux traversant le Sahel. Une marginalisation de ces pays bloquerait plusieurs projets d’envergure, notamment ceux liés à l’énergie et aux transports.
Crédibilité internationale : La capacité de la CEDEAO à maintenir la stabilité est un facteur clé pour ses partenariats avec l’Union européenne, les Nations unies et d’autres organismes internationaux. Sans le Sahel, cette crédibilité pourrait s’effriter.
Le risque de nouvelles alliances parallèles

Face à la pression de la CEDEAO, les pays sahéliens, notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ont entamé un rapprochement stratégique. L’Alliance des États du Sahel (AES), annoncée en 2023, témoigne de leur volonté de créer une entité indépendante capable de répondre à leurs besoins spécifiques. Cette dynamique pourrait s’élargir avec l’appui d’acteurs externes comme la Russie, via le groupe Wagner, ou des puissances émergentes telles que la Chine. Une telle fragmentation affaiblirait non seulement la CEDEAO, mais aussi l’idée d’une intégration africaine plus large.

Quelles perspectives pour l’avenir ?

Pour éviter un éclatement, la CEDEAO doit réévaluer son approche. Plutôt que de privilégier les sanctions économiques, souvent mal perçues par les populations locales, elle pourrait s’engager dans un dialogue constructif axé sur des solutions communes. La priorité devrait être donnée à des mécanismes inclusifs qui prennent en compte les préoccupations sécuritaires et souverainistes des pays sahéliens.

En parallèle, la CEDEAO pourrait se repositionner en renforçant ses mécanismes de prévention des crises. Investir dans des initiatives transfrontalières de développement, comme l’amélioration des infrastructures agricoles ou énergétiques, pourrait contribuer à apaiser les tensions et montrer l’avantage d’une intégration régionale.

Une chance de réinvention

La situation actuelle, bien qu’inquiétante, offre à la CEDEAO une opportunité de se réinventer. En adoptant une posture plus flexible et en privilégiant la coopération sur la confrontation, l’organisation pourrait renforcer son unité et redevenir une force motrice pour le développement et la paix en Afrique de l’Ouest.

En fin de compte, l’avenir de la CEDEAO sans les pays du Sahel serait marqué par une perte d’influence, une instabilité accrue et des opportunités économiques manquées. Cependant, avec un leadership visionnaire et des stratégies adaptées, il est encore possible d’éviter cette fracture et de maintenir l’unité régionale dans un contexte mondial en pleine mutation.

Dimitri AGBOZOH-GUIDIH

NOTE D'INFORMATION

Depuis le début du mois de septembre 2024, le site miadebenouletogowebtv.com a été victime d'un piratage. Grâce à l'ingéniosité de notre webmaster, nous avons pu rétablir le site, qui a repris ses activités le 13 janvier 2025. Cependant, lors de la récupération des données, nous avons perdu de nombreux articles datant de mai 2023 jusqu'au jour du piratage en septembre 2024.

Nous présentons toutes nos excuses aux hommes, femmes, sociétés, lecteurs et lectrices, ainsi qu'à tous ceux qui nous ont demandé des articles qui n'ont pas pu être récupérés. Nous vous promettons de republier les articles au fur et à mesure de notre progression.

Merci pour votre compréhension.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

7 + 10 =