Le 3 mai 2025, le Togo entrait officiellement dans sa Cinquième République avec la prestation de serment du Président du Conseil, Faure Gnassingbé, et du Président de la République, Jean-Lucien Savi de Tové. Pourtant, deux mois plus tard, le pays reste sans gouvernement, une situation qui soulève de sérieuses interrogations sur la gouvernance et la sincérité des dirigeants togolais.

Une vacance gouvernementale injustifiable
- Depuis la démission du gouvernement Dogbé le 2 mai 2025, aucune nouvelle équipe n’a été nommée.
- Les affaires courantes sont gérées par les ministres sortants, mais cette gestion intérimaire ne permet pas de répondre aux urgences sociales et économiques.
- La Constitution de la Cinquième République confère au Président du Conseil des pouvoirs étendus, mais l’absence de ministres rend ses actes juridiquement fragiles, car ils ne sont pas contresignés comme l’exige l’article 52.
Une gouvernance opaque et improvisée
- Des décrets contradictoires ont été pris, puis suspendus, illustrant une gestion précipitée et incohérente.
- La réforme constitutionnelle elle-même, qualifiée de « coup constitutionnel » par l’opposition, concentre les pouvoirs entre les mains d’un seul homme, sans garde-fous institutionnels.
- Le flou autour des dispositions transitoires et l’absence de calendrier clair pour la formation du gouvernement renforcent le sentiment d’improvisation.
Une mauvaise foi politique manifeste
- Malgré les promesses de réforme et de dialogue, les autorités ont réprimé violemment les manifestations du 26 au 28 juin, causant au moins sept morts.
- Des miliciens non identifiés, parfois parlant anglais, ont été accusés d’exactions, ce que le gouvernement nie sans fournir de preuves convaincantes.
- Les appels à manifester ont été criminalisés, et les instigateurs menacés de poursuites internationales, révélant une volonté de museler toute contestation.
Une crise de confiance généralisée
- La société civile réclame des enquêtes indépendantes sur les violences et les noyades suspectes de manifestants.
- Des députés ont boycotté la plénière parlementaire pour dénoncer le silence des institutions face à la crise.
- La CEDEAO appelle au dialogue, mais sa crédibilité est mise à mal par son inaction dans des crises similaires.
Le Togo, deux mois après l’entrée en vigueur de sa Cinquième République, est plongé dans une crise institutionnelle et sociale profonde. L’absence de gouvernement, les violences étatiques, et les manœuvres politiques opaques traduisent une gouvernance défaillante et une mauvaise foi flagrante des dirigeants. Face à cette impasse, seule une mobilisation citoyenne forte et une pression internationale soutenue pourraient contraindre le pouvoir à respecter les principes républicains et les droits fondamentaux.
La responsabilité du peuple togolais dans la sortie de crise
Dans un contexte de vacance gouvernementale et d’atteintes aux droits fondamentaux, la population togolaise ne peut demeurer spectatrice. La souveraineté appartient au peuple, comme le stipule la Constitution, et c’est à lui qu’il revient de faire vivre les valeurs républicaines. Le silence et la résignation ne font que renforcer les abus. Chaque citoyen, par sa voix, son action et sa conscience politique, a le devoir de rappeler aux dirigeants qu’ils ne sont que les mandataires d’un pouvoir populaire.
La responsabilité des Togolais repose aussi sur leur capacité à s’organiser collectivement. La mobilisation citoyenne, qu’elle soit par le biais de syndicats, d’associations, de collectifs ou d’initiatives locales, est un levier puissant pour exiger transparence, respect des lois et justice. L’histoire du Togo, comme celle de nombreux peuples africains, montre que les grandes avancées démocratiques n’ont jamais été offertes: elles ont été arrachées par la pression populaire.
Enfin, face aux manipulations médiatiques, à la peur instaurée et au découragement ambiant, la lucidité et la persévérance du peuple sont essentielles. L’impasse politique actuelle est aussi une épreuve de maturité pour la société togolaise. Refuser la peur, se réapproprier le débat public, et s’affirmer comme acteur du changement: voilà la responsabilité historique qui incombe aujourd’hui à chaque citoyen soucieux de léguer aux générations futures une République véritable, fondée sur la justice et la dignité.
L’inaction citoyenne dans un contexte politique aussi critique que celui du Togo peut engendrer des conséquences profondes, tant sur le court que sur le long terme. Voici les principales répercussions possibles:
Consolidation de l’autoritarisme
Lorsqu’aucune résistance ne s’organise face à des pratiques arbitraires, le pouvoir en place est conforté dans ses dérives. L’absence de mobilisation citoyenne donne carte blanche aux dirigeants pour gouverner sans contrepoids, imposer des décisions unilatérales et marginaliser les institutions démocratiques. L’État de droit s’effrite, et les libertés individuelles sont peu à peu étouffées sous couvert de maintien de l’ordre.
Effondrement de la confiance et paralysie sociale
Sans réaction citoyenne, le sentiment d’impuissance s’installe et gangrène le tissu social. La jeunesse se détourne de la politique, la diaspora se désengage, et l’indifférence gagne du terrain. Or, un peuple qui cesse de croire en sa capacité à changer les choses devient vulnérable à la résignation, ce qui affaiblit l’unité nationale et nourrit les fractures ethniques ou régionales.
Reproduction perpétuelle de la crise
L’inaction d’aujourd’hui prépare les crises de demain. En laissant passer les occasions de refuser l’injustice, on institutionnalise l’impunité. Chaque dérive non dénoncée devient une norme. Et sans pression citoyenne, aucune alternance politique sérieuse n’est envisageable, car les dirigeants n’ont aucun intérêt à changer un système qui les maintient au pouvoir.
Agir, ce n’est pas forcément descendre dans la rue. C’est aussi s’informer, sensibiliser, résister pacifiquement, construire des réseaux de solidarité et porter une parole alternative. Même une étincelle citoyenne peut allumer un feu de transformation.
Tesko Aristo Zowadan
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