« La nomination du président togolais Faure Gnassingbé comme médiateur dans le conflit congolais divise : stratégie diplomatique ou calcul politique ? »
Dans un geste qui a surpris nombre d’observateurs, l’Union Africaine a désigné ce mardi le président togolais Faure Gnassingbé comme médiateur principal dans la crise sécuritaire qui secoue l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Alors que les rebelles du M23 continuent de semer la terreur dans la région du Kivu avec le soutien présumé du Rwanda voisin, cette nomination soulève des questions cruciales : Pourquoi le Togo, petit pays d’Afrique de l’Ouest sans expérience récente dans les grands conflits régionaux ? S’agit-il d’une réelle démonstration de confiance ou d’une manœuvre diplomatique à plusieurs niveaux ?
Le Togo sur la scène diplomatique : Petit pays, grandes ambitions
Le président Gnassingbé n’en est pas à son premier rôle de médiateur :
2017 : Médiation dans la crise politique en Gambie
2020 : Facilitateur du dialogue politique au Mali
2022 : Participation aux négociations en Guinée post-coup d’État
« Le Togo cultive depuis une décennie une diplomatie discrète mais efficace », explique le professeur de relations internationales Koffi Adanlete.
Pourquoi le choix du Togo aujourd’hui ?
Plusieurs facteurs expliquent cette nomination :
Neutralité apparente : Le Togo n’a pas d’histoire coloniale avec la RDC
Absence d’intérêts économiques directs dans la région des Grands Lacs
Relations équilibrées avec la France, les USA et la Chine
Expérience personnelle de Gnassingbé dans la gestion des transitions
Les atouts cachés du médiateur togolais
Maîtrise des dossiers sécuritaires (lutte contre le terrorisme au Sahel)
Réseau diplomatique bien établi
Soutien discret mais réel de Paris et Washington
Connaissance intime des mécanismes de l’UA
Les critiques et les scepticismes
Cette nomination ne fait pas l’unanimité :
Manque d’expérience dans la région : « Que connaît Gnassingbé aux complexités ethniques du Kivu ? » (ONG congolaise)
Problèmes de légitimité interne : Contestations récurrentes au Togo
Suspicion de calcul politique : Préparer une succession dynastique en beauté ?
Le défi colossal qui attend le Togo
La mission comprend trois volets principaux :
Négocier un cessez-le-feu immédiat avec le M23
Organiser un dialogue inclusif Kinshasa-Kigali
Proposer un mécanisme de vérification régional
Les pièges à éviter
L’ingérence perçue des puissances occidentales
La méfiance historique entre Kigali et Kinshasa
Les divisions au sein même de l’UA sur ce dossier
Conclusion : Médiation à haut risque
Alors que certains y voient une chance de renouveau pour la diplomatie africaine, d’autres dénoncent une opération de communication sans réelle substance. Le président togolais devra rapidement démontrer que sa nomination n’est pas qu’une simple flatterie protocolaire, mais bel et bien un vote de confiance mérité. Comme le dit un adage congolais : « Celui qui veut apaiser le feu ne doit pas y ajouter de l’huile. » Le monde observera si le médiateur togolais saura être cette goutte d’eau qui éteint plutôt qu’elle n’attise les tensions.
Dimitri AGBOZOH-GUIDIH
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