Depuis plusieurs décennies, l’opposition togolaise peine à s’unir pour proposer une véritable alternative politique face au régime en place. Malgré une volonté affichée de changement, les divisions internes, les rivalités de leadership et les stratégies divergentes ont considérablement affaibli les mouvements d’opposition. Pourquoi cette désunion persiste-t-elle ? Quelles en sont les conséquences pour le pays ? Décryptage des causes profondes de cette fragmentation.
Une opposition historiquement divisée
L’histoire politique du Togo est marquée par une opposition éclatée. Depuis l’indépendance en 1960 et surtout après l’instauration du régime de Gnassingbé Eyadéma en 1967, plusieurs partis d’opposition ont émergé, mais rarement avec une vision unifiée. Le multipartisme instauré dans les années 1990 a certes favorisé l’émergence de nouvelles formations politiques, mais il a également accentué les rivalités entre leaders cherchant à incarner l’alternative au pouvoir en place.
Des rivalités de leadership exacerbées
L’un des principaux obstacles à l’unité de l’opposition togolaise réside dans les conflits de leadership. Plusieurs figures politiques souhaitent incarner le changement, mais sans parvenir à s’accorder sur une candidature unique lors des échéances électorales. Jean-Pierre Fabre (ANC), Agbéyomé Kodjo (MPDD), Tikpi Atchadam (PNP) et bien d’autres ont souvent eu du mal à parler d’une seule voix, chacun voulant imposer sa vision et son parti comme la principale force d’opposition.
Cette compétition interne se traduit par une fragmentation du vote lors des élections, offrant ainsi un avantage stratégique au parti au pouvoir, l’Union pour la République (UNIR). En l’absence d’un front commun, le régime en place parvient plus facilement à diviser et affaiblir l’opposition.
Une stratégie électorale souvent inefficace
L’opposition togolaise souffre également d’un manque de cohérence stratégique. Si certains partis prônent la participation aux élections, d’autres choisissent le boycott pour dénoncer les irrégularités et le manque de transparence du processus électoral. Cette absence de stratégie concertée empêche toute dynamique de mobilisation efficace contre le régime en place.
Par ailleurs, les tentatives d’alliances électorales, comme la C14 (Coalition des 14 partis d’opposition) en 2017, se sont souvent soldées par des échecs en raison de divergences internes et d’un manque de confiance entre les acteurs. Cette incapacité à coordonner une action commune renforce le sentiment d’impuissance et de lassitude au sein de la population.
La répression et l’infiltration des mouvements d’opposition
Le gouvernement togolais a mis en place une stratégie efficace pour affaiblir l’opposition, notamment par des mesures répressives et des tentatives d’infiltration. Les manifestations sont régulièrement dispersées par les forces de l’ordre, et certains leaders d’opposition sont arrêtés ou contraints à l’exil.
De plus, des soupçons d’infiltration et de division orchestrée par le pouvoir pèsent sur l’opposition. Certains partis sont accusés de collaborer secrètement avec le régime, ce qui alimente les tensions internes et accroît la méfiance entre les différentes formations politiques.
Un manque de renouvellement et de vision commune
L’opposition togolaise souffre également d’un déficit de renouvellement. Les mêmes figures dominent la scène politique depuis plusieurs décennies, sans parvenir à insuffler une nouvelle dynamique. Cette situation freine l’émergence de nouveaux leaders capables de mobiliser efficacement la jeunesse et la société civile.
De plus, l’absence d’un projet politique commun et fédérateur empêche l’opposition de proposer une alternative crédible. Alors que le mécontentement populaire contre le régime est manifeste, l’incapacité des opposants à formuler un programme clair et réaliste réduit leur attractivité auprès de l’électorat.
Quelles perspectives pour une opposition unifiée ?
Malgré ces divisions, l’opposition togolaise peut encore espérer renverser la tendance si elle parvient à s’unir autour de quelques principes clés :
Un leadership inclusif et consensuel, capable de rassembler au-delà des appartenances partisanes.
Une stratégie électorale claire et concertée, évitant la dispersion des voix et adoptant une posture commune face aux élections.
Un renouvellement des figures politiques, intégrant davantage de jeunes et de personnalités issues de la société civile.
Une sensibilisation accrue de la population, pour mobiliser davantage d’électeurs et éviter le désintérêt croissant pour la politique.
L’unité de l’opposition est un défi de taille, mais elle reste la seule véritable alternative pour espérer un changement politique au Togo. Sans un sursaut collectif, le régime en place continuera d’exploiter ces divisions pour se maintenir au pouvoir. L’avenir de la démocratie togolaise repose donc sur la capacité de l’opposition à dépasser ses différends et à parler d’une seule voix.
Dodzi AGBOZOH-GUIDIH
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