Une réforme constitutionnelle au cœur des tensions: Le Togo est une nouvelle fois le théâtre de tensions politiques majeures. Un an après l’adoption d’une nouvelle Constitution votée par l’Assemblée nationale, l’opposition togolaise ne désarme pas. Elle continue de dénoncer un « coup de force constitutionnel » destiné à permettre au président Faure Gnassingbé de se maintenir indéfiniment au pouvoir.

Alors que la réforme opère un basculement du régime présidentiel vers un régime parlementaire, l’opposition et de nombreux citoyens y voient une manœuvre habile pour contourner la limitation des mandats présidentiels et prolonger une dynastie politique vieille de plus d’un demi-siècle. Un an plus tard, la contestation s’organise, s’intensifie et interroge le futur de la démocratie togolaise.
Une réforme adoptée dans la controverse
La nouvelle Constitution, adoptée en avril 2024 par un Parlement largement dominé par l’Union pour la République (UNIR), a été perçue comme un réaménagement du pouvoir au bénéfice du chef de l’État. Elle supprime l’élection présidentielle au suffrage universel direct et instaure une élection parlementaire du futur président, réduisant son rôle au profit d’un « président du Conseil des ministres » – poste qui pourrait être occupé par Faure Gnassingbé lui-même.
Une réforme sans consultation populaire
L’opposition reproche au pouvoir en place l’absence de débat national et de référendum. La réforme a été votée à huis clos, par une Assemblée aux couleurs quasi-exclusives du pouvoir, ignorant les appels au dialogue et à la concertation.
Une réécriture des règles du jeu en cours de match
Le changement de régime est vu comme une tentative de réinitialiser les compteurs du pouvoir. Faure Gnassingbé, qui cumule déjà quatre mandats présidentiels, pourrait ainsi entamer un nouveau cycle de leadership sous une autre forme, mais avec les mêmes leviers de pouvoir.
Une opposition mobilisée malgré les pressions
Depuis avril 2024, l’opposition togolaise a multiplié les manifestations, les conférences de presse, les appels à la communauté internationale. Les partis comme le Parti des Togolais, la Dynamique Monseigneur Kpodzro, ou encore les Forces démocratiques pour la République (FDR) dénoncent un retour en arrière démocratique.
Une répression politique persistante
Les mobilisations ont souvent été étouffées par les forces de sécurité. Arrestations arbitraires, interdictions de manifestations, surveillance accrue, les libertés fondamentales continuent d’être sévèrement restreintes. Cela n’a pas empêché la société civile et la diaspora togolaise de relayer et renforcer la mobilisation.
Une lutte pour la légitimité démocratique
L’opposition ne réclame pas seulement le retrait de la réforme, mais une refondation du système politique togolais, où le pouvoir ne serait plus concentré dans les mains d’un seul homme ou d’un seul parti. Leur mot d’ordre : « Trop, c’est trop ».
Une population entre résignation, colère et espoir
Dans les rues de Lomé, de Sokodé, de Kara, la population semble divisée. Certains, lassés des crises politiques chroniques, se montrent résignés. Mais d’autres redoutent un avenir figé, où l’alternance resterait une chimère.
La jeunesse comme levier de changement
La jeunesse togolaise, souvent marginalisée politiquement, commence à prendre conscience de son rôle. Elle s’informe, s’indigne, et commence à s’organiser, notamment à travers les réseaux sociaux et les mouvements citoyens comme Togo Debout.
L’international comme arbitre silencieux ?
La CEDEAO, l’Union africaine, et même la France sont pointées du doigt pour leur silence complice ou leur attentisme diplomatique. Face à une mobilisation constante et légitime, beaucoup s’interrogent : où est la communauté internationale quand les principes démocratiques sont bafoués ?
Quelles perspectives pour l’avenir ?
Le bras de fer est loin d’être terminé. La réforme est en place, mais la contestation aussi. La grande inconnue reste la capacité du pouvoir togolais à écouter les aspirations profondes du peuple et à ouvrir un véritable dialogue national.
Un référendum toujours possible ?
Plusieurs acteurs politiques réclament un référendum pour trancher démocratiquement la question. Si le pouvoir est sûr de la légitimité de sa réforme, pourquoi ne pas la soumettre au peuple ?
Risque de radicalisation ?
Si la colère populaire continue à être contenue par la force, le risque de radicalisation ou d’explosion sociale devient réel. L’histoire du Togo, comme celle de bien d’autres pays africains, montre que les peuples finissent toujours par réclamer leurs droits, souvent dans la douleur.
Une mobilisation juste dans un contexte incertain
La mobilisation contre la nouvelle Constitution togolaise n’est pas une simple manœuvre politicienne. Elle traduit une soif de démocratie, de justice, et d’alternance. À un an de l’adoption de cette réforme controversée, l’opposition continue de tenir la flamme de la résistance démocratique.
La question qui se pose à présent est la suivante : le pouvoir togolais entendra-t-il la voix de son peuple ou préférera-t-il le silence confortable de l’autorité sans partage ?
Dimitri AGBOZOH-GUIDIH
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