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Togo : Un Coup d’État Déguisé en Réforme Constitutionnelle ?

ByTesko2022

Mai 8, 2025

Quand la légalité masque la légitimité: En avril 2024, les députés togolais ont approuvé sans grand débat public une nouvelle Constitution, instaurant la Cinquième République et un régime parlementaire. Une manœuvre présentée comme une avancée institutionnelle majeure par le gouvernement. Mais pour une frange de plus en plus large de la société civile, de l’opposition et des observateurs internationaux, il ne s’agirait de rien d’autre qu’un coup d’État constitutionnel.


La question est posée : a-t-on assisté à un processus démocratique ou à une prise de pouvoir camouflée sous les habits de la légalité ?

Une réforme expresse et sans référendum : l’alerte démocratique

Un basculement sans le peuple

Le changement de régime, d’un système présidentiel à un régime parlementaire, est un bouleversement politique de première ampleur. Pourtant, le peuple togolais n’a jamais été consulté. Aucun référendum n’a été organisé. Aucun débat national n’a précédé le vote. Ce silence démocratique a immédiatement soulevé les soupçons : pourquoi modifier l’architecture de l’État dans la précipitation, sans passer par les urnes ?

Un vote verrouillé à l’Assemblée

Le vote de la nouvelle Constitution s’est fait dans un contexte de majorité écrasante du parti UNIR (Union pour la République), fidèle au président Faure Gnassingbé. Les 89 députés du parti présidentiel ont suffi à faire passer la réforme, rendant inutile toute tentative d’opposition ou d’amendement. L’Assemblée nationale, censée représenter le peuple, est apparue ici comme un simple instrument d’exécution du pouvoir.

Une manœuvre de survie politique ?

Le cœur du pouvoir déplacé… mais conservé

Officiellement, le président Faure Gnassingbé n’a plus de pouvoirs exécutifs dans la nouvelle République : c’est le président du Conseil des ministres, élu par les députés, qui dirigera le pays. Mais dans une Assemblée contrôlée par le même parti au pouvoir depuis plus de 15 ans, ce changement est loin d’être un renoncement.

Faure Gnassingbé, qui termine son quatrième mandat présidentiel en 2025, pourra désormais continuer à exercer une influence directe en tant que président du Conseil — sans les limites constitutionnelles des mandats présidentiels précédents.

Une présidence à vie maquillée ?

Beaucoup y voient un stratagème pour prolonger son pouvoir indéfiniment, sans avoir à modifier explicitement les limites de mandats ou à organiser des élections ouvertes. Une continuité sans alternance, dans un costume institutionnel neuf.

La société civile et l’opposition montent au créneau

Un peuple privé de voix, une rue qui s’agite

Depuis la promulgation de la réforme, des voix s’élèvent dans toutes les couches de la société : organisations de défense des droits humains, partis politiques, syndicats, étudiants, intellectuels. Tous dénoncent un passage en force.

Des manifestations ont éclaté, bien que rapidement dispersées par les forces de sécurité. La contestation populaire grandit, même si elle reste contenue par un appareil sécuritaire puissant.

L’opposition fragilisée mais combative

Bien que fragmentée et parfois en perte de crédibilité, l’opposition tente de reprendre le terrain. Elle dénonce unanimement un détournement des institutions, appelle à la mobilisation citoyenne, exige l’abrogation de la nouvelle Constitution ou au minimum, un référendum populaire.

Une résonance africaine : le syndrome du pouvoir perpétuel

Le cas togolais n’est pas isolé. D’autres pays africains — comme la Guinée avec Alpha Condé ou le Congo avec Denis Sassou Nguesso — ont usé de réformes constitutionnelles pour pérenniser leur pouvoir. Le Togo semble suivre cette trajectoire, malgré les attentes démocratiques post-transition.

La réforme togolaise entre en résonance avec une inquiétante tendance en Afrique de l’Ouest : le recul des transitions démocratiques, le contournement du suffrage universel, l’usage des parlements comme chambre d’enregistrement du pouvoir exécutif.

Vers quel avenir politique ?

Une République fragile dès sa naissance

La Cinquième République togolaise, au lieu d’apporter l’apaisement démocratique annoncé, ouvre une période d’incertitude politique. L’absence d’adhésion populaire fragilise sa légitimité. Les prochaines élections législatives, qui permettront d’élire le président du Conseil, risquent d’être contestées à leur tour.

Un test pour la résilience du peuple togolais

Cette réforme représente aussi un test pour la maturité politique des citoyens togolais. Vont-ils accepter cette mutation comme une fatalité ou vont-ils reprendre en main leur destin démocratique ? Le combat se jouera peut-être moins dans les urnes que dans la rue, dans les débats publics, et dans la mémoire collective.

La forme de la loi, sans l’esprit de la démocratie

Le Togo vit un paradoxe inquiétant : une réforme constitutionnelle légale, mais profondément illégitime. Ce qui aurait pu être une avancée démocratique — un régime parlementaire, plus collégial, plus équilibré — se transforme en outil de concentration du pouvoir.

Le risque est grand de voir le pays sombrer dans une démocratie de façade, où les institutions changent mais où les pratiques autoritaires demeurent. Le vernis légal ne doit pas masquer une évidence : sans le peuple, aucune république ne peut être véritablement fondée.

Dimitri AGBOZOH-GUIDIH

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