Traitement à géométrie variable des événements liés à l’histoire du Togo : Même disparu, le spectre de Olympio continue de hanter le pouvoir togolais

Le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) et le Centre Hospitalier Régional (CHR) de Kara ont fait l’objet d’une vi[1]site de Faure Gnassingbé, le 26 janvier dernier.

Il s’était agi pour le Président togolais de s’’’enquérir de l’évolution des travaux de réhabilitation avec la mise en œuvre des projets de modernisation et d’extension en cours’’, indiquant dans la foulée se réjouir ‘’de l’engagement noté auprès du personnel soignant, que j’ai exhorté à maintenir un professionnalisme exemplaire et une disponibilité constante afin d’apporter du soulagement aux patients’’. Tout en remerciant les ‘’partenaires techniques et financiers qui nous accompagnent dans le cadre de cette nouvelle dynamique’’, Faure Gnassingbé s’engage à ‘’investir dans l’amélioration de l’offre de services de santé, au plan des infrastructures et de la formation des ressources humaines’’. Cette visite de Kara n’est que la suite d’une série de déplacements et autres activités présidentielles. Et comme à chaque fois, le Prince ne se fait pas faute de ponctuer ces sorties de tweets tous plus glamour les uns que les autres.

Qu’il s’agisse du Forum des producteurs agricoles du Togo (FoPAT) organisé à Dapaong le 14 janvier, de l’accueil le 17 de l’Ambassadeur de l’Inde au Togo Ram Saajiv Tandon, de la réception le 20 du nouveau Secrétaire Exécutif du Conseil de l’Entente, Marcel Amon-Tanoh, de l’entretien le même jour avec Duarte Pacheco dans le cadre de la Conférence parlementaire de haut niveau sur le terrorisme et l’extrémisme violent, Faure Gnassingbé ne se prive pas de médiatiser ses moindres faits et gestes. Comme c’était le cas de cette autre réception accordée le 21 janvier à Mabel Chiomona, Présidente du Sénat du Zimbabwe et Présidente de l’Union Parlementaire Africaine (UPA) en marge de la Conférence parlementaire de haut niveau sur le terrorisme et l’extrémisme violent, sans parler de la visite de Jewel Howard Talor, Vice-Présidente du Libéria et Présidente du Sénat, du Président de l’Assemblée Nationale du Niger, Seini Oumarou, ou encore de celle de Malick Diaw, Président du Conseil National de la Transition du Mali. Que dire de cet autre entretien de Faure avec le Président de la Banque Africaine de Développement (BAD), Akinwumi Adesina, le 22 janvier, de sa rencontre le 24 janvier avec les directeurs régionaux des services déconcentrés des régions Centrale, de la Kara et des Savanes ?

Olympio royalement ignoré

Il y aura sûrement dans les prochains jours d’autres rencontres, sorties et autres événements au centre desquels se trouvera le Prince, qui lui-même les fera relayer à souhait sur les réseaux sociaux. Mais il n’y aura aucun mot pour marquer la commémoration des 60 années de l’assassinat de Sylvanus Olympio, premier président togolais assassiné dans la nuit du 12 au 13 janvier 1963. Aucun communiqué officiel, aucun hommage sur cet homme dont le nom reste pourtant mêlé au destin du Togo. Non, Faure Gnassingbé avait mieux à faire que de rendre un devoir de mémoire à un prédécesseur qu’il doit trouver par trop encombrant. L’opposition peut se coltiner cette corvée.

Même la messe d’hommage organisée en mémoire du héros de l’indépendance a eu lieu à Agouè, en terre béninoise. Cela veut dire ce que cela veut dire. Aucune commémoration non plus du trentième anniversaire du massacre de Fréau Jardin qui a décimé des centaines de vies et fait des blessés, une autre page de l’histoire que le fils du père a choisi d’ignorer, au mépris de la mémoire des victimes. Rien pour celles-ci, mais tout pour la commémoration des 49 ans de l’attentat de Sarakawa. Un drame qui mérite d’être commémoré certes, mais qui ne doit en aucune manière l’être au détriment d’une figure aussi emblématique de l’histoire togolaise que Sylvanus Olympio. Choisir d’ignorer le premier président est la belle façon de le rappeler aux souvenir des Togolais qui, eux, continuent de le porter dans leur cœur.

Source : Journal « Le Correcteur » , Sodoli KOUDOAGBO