• 26 juillet 2024 19h04

Miadé Bé Nou

Traditions, Cultures ancestrales et Actualités du Togo, d'Afrique et du Monde

Le lien entre la « magie » et le « Spiritisme »

ByAristo

Mar 20, 2022

La magie est une pratique fondée sur la croyance en l’existence d’êtres, de pouvoirs et de forces occultes et surnaturels, permettant d’agir sur le monde matériel par le biais de rituels spécifiques.

La sorcellerie peut être définie comme la croyance selon laquelle le malheur inexpliqué est dû à l’intention maléfique d’individus dotés de pouvoirs surnaturels.

Le spiritisme est une doctrine spiritualiste fondée sur l’existence, les manifestations et l’enseignement des esprits. Cette doctrine accepte formellement l’existence de Dieu, de la vie éternelle, de lois morales et d’une communication concrète avec divers êtres spirituels, notamment les défunts.

On peut tenter d’expliquer l’importance des pratiques dites obscures par la place des ancêtres dansla communauté noire, et donc, l’importance des esprits. Les ancêtres sont les piliers de la famille; leur âge leur confère sagesse et respect. Dans la tradition, ils sont ceux dont la parole est presque sacrée, ceux dont l’autorité est incontestée. Ces ancêtres, dieux sur la terre, transmettent le savoir du monde passé aux générations suivantes et connaissent les secrets de la nature, aussi bien pour la guérison que pour les conseils et l’organisation de la société. Parfois, ils sont même ceux que l’on appelait oracles dans la Grèce Antiques, c’est-à-dire, ceux qui apportent les visions. Une fois morts, ils sont enterrés selon des rituels spécifiques qui varient d’une contrée à l’autre: un nombre de jours de deuil à respecter, les réjouissances pour les accompagner dans leur dernière demeure ; et le rituel perdure même après la mise en terre.

La coutume veut que les vivants continuent à s’occuper de leurs aïeux avec le plus grand soin, s’ils souhaitent que les bénédictions pleuvent sur eux. On peut aussi les consulter dans l’au-delà et ils peuvent punir et maudire.

Aux Antilles par exemple, on verse les premières gouttes de ce que l’on boit afin de partager avec les ancêtres enterrés. La croyance veut que les agissements se répercutent d’une génération à l’autre et que les mauvaises actions infligées rejaillissent sur les descendants; ainsi, on attribue aux anciens et aux morts, la malchance, les échecs et les événements heureux.

LES USAGES

Avec la traite négrière et la colonisation, elle est devenue hérésie, car en opposition avec un christianisme imposé et mal assimilé ; bien que les cultures occidentales aient eut elles aussi leurs épisodes de magie noire. Le terme lui-même, empreint d’une vision péjorative et méprisante vient des langues gréco-romaine et annule le sens premier auquel l’entendent les africains.

Toutefois, réalité en Afrique, ce concept tire ses origines dans la culture primaire de l’Homme noir et correspond originellement à l’ensemble des forces invisibles, en présence dans le monde, desquels les hommes cherchent à s’attirer la bienveillance ou qu’ils tentent de repousser.

Ainsi, si le mot sorcellerie est idiotie en Occident, il est profondément ancré dans la culture africaine. Traditionnellement, le sorcier jouait un rôle politique dans l’organisation des communautés : Sage, Guérisseur ou Oracle.

Toutefois, l’allégeance aux esprits des défunts a été amalgamée et déformée. Par conséquent, cela s’est éloigné de l’idée de maintient d’une harmonie entre morts et vivants, pour devenir quelque chose de plus personnel. On parlera donc de sorcellerie pour désigner les pratiques obscures individuelles qui sont les forces que les hommes détournent pour servir leurs intérêts.

Ainsi, les africains vivant sur le continent, qui sont de fervents pratiquants des religions monothéistes (Islam, Christianisme), en priant un Dieu unique, accompagnent leur foi par une visite chez le marabout. Ce qui est normalement pêché selon la croyance manichéenne du bien et du mal, imposée par ces religions, qui veulent que le Bien soit l’oeuvre de Dieu et le Mal celle du diable. Ici, tout est plus nuancé et les adeptes de la divination associent volontiers ces deux versants : la sorcellerie peut donc être employée pour faire le mal comme pour le contraire.

Aujourd’hui, vulgairement employé, ce terme n’implique plus forcément la maîtrise des entités invoquées ou le respect de rituels complets ; on laisse le soin au sorcier de s’arranger avec les esprits et on ne retire que le bénéfice de cette magie, quelles qu’en soient les répercussions.

La sorcellerie est une alternative, un espoir, à une situation qu’il paraît impossible de débloquer. En effet, dans la temporalité religieuse, on ne sait quand les choses nous serons accordées, vérité qui s’oppose à l’impatience de l’homme, qui a trouvé dans ces pratiques obscures, pourtant condamnées par les religions chrétiennes et musulmanes, un moyen d’assouvir des désirs gourmands et vaniteux. Ainsi, une femme qui craint de voir son mari s’éloigner, ira demander un talisman, une poudre ou un onguent afin d’être sûre de le tenir « attaché ». Pareillement, un homme qui souffre de l’indifférence d’une femme qu’il aime ira chercher les mêmes « remèdes » pour enfin s’attirer les faveurs de la belle. Cela constitue le côté « positif » ou plutôt « arrangeant » de la sorcellerie.

De même, il y a son versant « négatif » qui permet de punir ou de profiter de son prochain: invoquer les esprits pour envoyer une maladie, provoquer l’infertilité, ect… Cependant, on ne sait si l’efficacité de ces « sorts » provient du fait que les gens y croient avec ferveur ou si cela fonctionne réellement.

Car, imagination ou réalité, l’instrumentalisation de ces puissances n’a profité en rien à ses usagers : les noirs, à travers le monde, ne souffrent pas moins, bien au contraire. S’ils arrivent à s’attirer des faveurs pour les futilités, ils n’ont pas réussit à contrer la famine, la sécheresse, la maladie ou les guerres…

On peut donc se poser la question de savoir si tout ceci n’est qu’imagination ou si le fait que la pratique soit mal effectuée en réduit l’efficacité.

Toutefois, sont présentes dans la divination, les théories les plus rigoristes quant au fonctionnement de la nature: Le Bien et le Mal induisent la notion de retour naturel des choses et comme pour le Karma, les mauvaises actions se paient par ceux qui les ont perpétrées. C’est d’autant plus vrai en Afrique où le sort est rejeté sur celui qui a agi ou sur sa descendance. Cette configuration entraîne un va-et-vient de ces « croyants-païens » : ils pratiquent la sorcellerie mais prient lorsque les répercussions rejaillissent sur leurs familles.

Par ailleurs, la notion de sorcellerie trahit à la fois une ignorance et une impuissance des africains face aux événements qu’ils doivent surmonter. La misère et la pauvreté, les croyances tribales qui n’ont pu être contrebalancées par un rapport au monde, empêché par l’alphabétisation massive des populations, facilite la prolifération de cette dérive.

« Sorcier » est ainsi devenu la pire insulte et explique l’inexplicable: Une mauvaise récolte, un décès brutal, une incapacité à procréer, sont le fait de la sorcellerie.

Originellement, le fait de ne pas satisfaire les esprits de la nature, de ne pas invoquer les divinités de la fertilité, pouvait, selon les croyances ancestrales, empêcher l’harmonie des éléments. Ainsi la famine était punition et une bonne récolte récompense ; les habitants devaient alors remercier ces forces tantôt malignes, tantôt bienveillantes, pour les bénéfices. Mais aujourd’hui, tout événement incontrôlé est le fait de la sorcellerie. Si cela peut paraître insensé, c’est un phénomène grave qui entraîne des clivages et des rejets dans le voisinage et au sein des familles.

À suivre …

By Aristo