• 26 avril 2024 1h04

Miadé Bé Nou

Traditions, Cultures ancestrales et Actualités du Togo, d'Afrique et du Monde

Liberté de ton et de pensée enracinée au parlement sénégalais : Et si Aminata Touré était Togolaise ?

ByAristo

Sep 23, 2022

L’élection le 12 septembre dernier d’Amadou Mame Diop au poste de présidence de l’Assemblée nationale sénégalaise a été tout ce qu’il y avait de plus controversé. De plus indécent, diront certains.

Cet élu qui n’a pas obtenu l’approbation de l’opposition qui avait d’ailleurs boycotté le vote et dont on dit qu’il n’a aucun charisme sur le plan national aura été préféré à celle qui était pressentie pour le perchoir, à savoir l’ancienne Première ministre Aminata Touré. Difficile pour cette dernière de digérer la pilule considérée comme une injustice : « J’estime que le critère de sélection du candidat de Benno n’était pas objectif, c’était plus un critère familial que relevant du mérite militant. J’aurais pu me satisfaire d’un arrangement politique, d’un strapontin bien payé, mais non. Donc, il faut aussi que nos organisations fonctionnent de manière rationnelle, que le mérite revienne comme critère de sélection, parce que tout le monde n’a pas le bras long, tout le monde n’est pas le cousin ou l’arrière-cousine du président de la République », a déclaré la désabusée, ajoutant : « Je n’ai rien contre le monsieur a priori, mais commençons par avoir le courage aussi de dire non, quand c’est la préférence familiale qui passe avant le mérite, c’est tout. Et ça, c’est également, en fait, en direction des femmes. Souvent, on pense que c’est comme à la maison : on fait le ménage, etc., et c’est gratuit ; on est là pour servir les autres et puis après, vous retournez d’où vous venez. Vous dirigez la liste, vous gagnez, mais bon, il faut que ce soit un homme qui vienne s’assoir. Non ! C’est quand même 5 175 kilomètres, l’actuel président de l’Assemblée nationale, il ne l’a pas fait ». On peut qualifier d’intéressée la sortie de la militante des droits de l’homme, mais on ne peut pas ne pas reconnaître la vérité qui y surnage. La remarque selon laquelle la préférence familiale passe avant le mérite n’est malheureusement pas seulement applicable au Sénégal.

Le Togo des Gnassingbé baigne dans une politique où celui qui milite le plus, qui fait montre de plus de zèle ou qui fait des ronds de jambes à faire pâlir d’envie le plus futé des acrobates, finit par coiffer au poteau ceux qui sont pressentis. Il n’y a que des zélateurs au gouvernement, des Tartuffe qui chantent jour et nuit la gloire de leur créateur au risque d’être dépossédé de leur maroquin acquis à force d’obséquiosité. Et si une Assemblée telle que togolaise est aux couleurs d’un seul parti, l’étape des panégyriques est vite franchie. La vie sociale est à l’image de celle politique, car le mérite n’a jamais primé dans les critères de sélection lors des concours et ceux qui n’ont pas le bras long, bien que compétents, nagent malheureusement dans un chômage sans nom.

Tout compte fait, quel député togolais aurait assez de culot pour remettre en cause un choix, une politique, une action de Faure Gnassingbé sans craindre pour sa vie ? Qui oserait contredire sa que n’aura jamais une Assemblée nationale togolaise qui passe plus pour baisser son froc que pour penser par elle-même. Le pacte faustien est passé par là.

By Aristo