• 27 juillet 2024 7h36

Miadé Bé Nou

Traditions, Cultures ancestrales et Actualités du Togo, d'Afrique et du Monde

Acte 2: Interprétation du Fa et les combinaisons

ByAristo

Nov 17, 2023

Interprétation du Fa

La géomancie, telle qu’elle est pratiquée au Togo et Bénin , et plus particulièrement dans cette région de l’Afrique, contrairement à la méthode européenne, met immédiatement à la disposition des bokonons, tous les moyens pratiques d’action occulte.


A chaque signe correspond des divinités (dieux ou fétiches) précises auxquelles il faut s’adresser, s’agissant des cérémonies, prières, sacrifices (vôssissas ou adras).
De même, chaque signe a ses correspondances élémentaires particulières : perles, roches, feuilles ou plantes, en un mot tous les éléments devant entrer dans les compositions cérémoniales, rituelles ou sacrificielles.

Les combinaisons

A chaque combinaison correspond des vers (« ese » en yoruba) qui racontent une histoire mythologique, un conte, une chanson, un proverbe, une devinette… sur lesquels le devin va se baser pour réaliser son interprétation. 
La tradition affirme qu’il y aurait 16 vers par combinaison odu/dou du Fa, ce qui fait au total un corpus conséquent de plus de 4096 vers. En d’autres termes lorsqu’une question est posée à un babalawo (devin), il existe 4096 réponses possibles, soit autant de poèmes qui devront être interprétés par le devin pour donner une réponse. Un bon devin est supposé en avoir mémorisé le plus possible.

Il est cependant admis qu’il est possible de tirer l’Ifa et de réaliser des prédictions correctes en ne connaissant que quatre vers essentiels par odu/dou. Les consultants peuvent demander une divination du Fa pour des raisons diverses et variées : se faire prédire son avenir, connaître le sort de proches passés dans l’au-delà ou trouver une solution à un souci de santé, un manque d’argent, un conflit, des problèmes conjugaux. La divination d’Ifa était anciennement utilisée avant chaque prise de décision importante.

Selon la légende, Oluda, le premier roi (Oni) d’Ifa eut seize fils qui fondèrent les seize royaumes yorubas. Orunmila apprit l’art de la divination aux seize fils qui la transmirent à leurs successeurs les Babalawos (les devins ou prêtres d’Ifa). Le seize représente les seize possibilités de vie humaine. Ces seize principes appelés Odu ou Oladu, eurent à leur tour seize fils chacun représentant ainsi 256 possibilités de vie humaine. Chaque possibilité (odu) possède seize poèmes (ese) qui transmettent des indices pour les séances de divination, ce qui donne finalement 4096 scénarii possibles.

Au total il y a seize (16) maisons géomanciques et seize (16) signes principaux. La passation des seize signes dans les seize maisons géomanciques donne un total de 256 (deux cent cinquante six) signes.  Ainsi, le Fa est non seulement un art, mais il est surtout un livre ouvert sur la vie.
Les prêtes de l’Ifa ou du Fa, les Babalawo chez les Yoruba, ou Bokono chez les Fons, sont à la fois des diagnosticiens, des prescripteurs, des psychologues et des psychiatres. Ce sont de grands érudits qui  savent écouter et aider les humains à régler leurs problèmes de santé, d’emploi, de couple, de promotion, de travail,  de paix, de bonheur et d’amour.

Les éléments constitutifs de la géomancie béninoise sont :
– Les maisons géomanciques
– Et les signes géomanciques
Il y a seize maisons géomanciques et seize signes principaux. Il ne peut pas y avoir plus. La passation des seize signes dans les seize maisons géomanciques donne un total de deux cent cinquante six signes se décomposant comme suit :
Seize signe-mères qu’on appelle “Dougan” ou “Dou-mêdji”. Ils sont également les représentants des maisons et deux cent quarante signes secondaires appelés “Vikando” ou “Douvi.”

Exemple

Un exemple pour illustrer et permettre de comprendre ce qui vient d’être exposé ci-dessus:

GBE-MEDJI, premier signe géomancique est régi et gouverné par Dan. Cette divinité est le dieu de la mer et par conséquent de l’eau. Sa feuille préférée est «AFFAMA» et sa couleur: le blanc.
Aussi, à chaque fois que «GBE MEDI» apparaîtra comme signe géomancique au cours d’une consultation, indiquera-t-il des sacrifices «VÔssissas ou adras» à faire à cette divinité de l’eau qu’est le fétiche DAN, lequel est donc l’esprit de la matière eau.

C’est son Dieu. Cette matière est régie et gouverné par ce Dieu là. Aussi, tout sacrifice (vôssissas, cérémonie ou prière), adressé à lui et accepté par cet esprit appelé fétiche ou dieu, aura un effet salutaire ou non, bénéfique ou maléfique selon sa nature, sur l’individu ou toute autre chose dont il aura la charge. Il en sera de même pour chaque signe dont le fétiche ou dieu duquel il dépend, n’est autre que celui de sa prédominance élémentaire.

Les quatre éléments composant la géomancie sont régis et gouvernés par les divinités ou fétiches suivantes :
• Le Feu : Placé sous l’égide de «Hêbiosso», dieu du ciel, du ton nere et de la foudre, donc du feu ;
• L’Air : Commandé par «Lissa-kpôvodoun» et «tohiyo» ;
• L’Eau: Dominé par«Dan-Tohossou» ou «Tôvodoun», dieu de l’eau;
• La Terre: Régie et gouvernée par «Sakpata», esprit et dieu de la terre et ses dérivés, notamment “Nà- Kennessi”.

Ainsi, sont nés les fétiches ou divinités. De là, chaque signe géomancique issu de l’esprit et de la matière dont il est la synthèse, sera dirigé par l’esprit de cette matière que nous appelons “fétiche” ou “dieu”.

A suivre …

By Aristo