• 26 juillet 2024 22h40

Miadé Bé Nou

Traditions, Cultures ancestrales et Actualités du Togo, d'Afrique et du Monde

Le chrétien et la politique: Un chrétien peut-il faire de la politique ?

ByAristo

Fév 6, 2024

En tant qu’expert en général, je peux affirmer que la question de savoir si un chrétien peut faire de la politique est complexe et suscite souvent un débat animé. Les convictions religieuses d’une personne peuvent indéniablement influencer ses perspectives politiques, mais la manière dont ces convictions sont mises en œuvre dans l’arène politique peut varier considérablement.

En grec le mot polis signifie tout simplement la ville. Mais derrière chaque ville, il y avait dans l’Antiquité un mini Etat. Les habitants de ces cités États, comme le sont actuellement Monaco, Andorre ou Saint-Marin, étaient des citoyens (de citis, la ville en latin) et participaient aux affaires publiques. Cela tranchait avec les royaumes et empires voisins dont les habitants n’étaient que des sujets et devaient obéissance à un monarque. Les Athéniens pratiquaient ainsi la démocratie, expression qui désigne un gouvernement par le peuple. C’est ce modèle qui s’est imposé à toute l’Europe et dans une grande partie du monde. Il n’est cependant pas nécessaire de faire partie d’une démocratie pour faire de la politique puisque toute action de participation ou d’opposition à la gouvernante d’un pays consiste à faire de la politique. Mais, est-ce la place d’un chrétien qui est «citoyen du ciel», «étranger et voyageur sur la terre» et attend la «cité céleste»?

D’une part, certains chrétiens estiment que leur foi nécessite de s’engager activement en politique afin de promouvoir des valeurs morales et éthiques conformes à leurs croyances. Ils considèrent la politique comme un moyen de servir leur communauté et de contribuer à l’édification d’une société basée sur des principes chrétiens tels que la compassion, la justice et la solidarité.

D’autre part, certains chrétiens sont réticents à s’impliquer dans la politique, car ils craignent que cela ne compromette leur témoignage religieux ou que cela les entraîne dans des compromis éthiques. Ils préfèrent se concentrer sur des formes d’engagement non politique telles que le travail caritatif, l’éducation et l’évangélisation.

Il est essentiel de reconnaître que la question de l’implication politique des chrétiens est souvent influencée par des considérations théologiques, sociales et culturelles spécifiques à chaque individu. De plus, les différentes dénominations chrétiennes peuvent avoir des perspectives variées sur ce sujet, ce qui rend difficile toute généralisation.

Le politique est partout

Le fait d’être chrétien nous confère un statut nouveau, mais ce statut est spirituel et n’est pas reconnu pour l’heure aussi nous restons participants de la communauté des citoyens de notre pays et, de ce fait, nous avons des droits et des devoirs. Nous faisons de la politique par le seul fait d’exister et si nous refusons d’en faire nous en faisons quand même. Bref, nous sommes tombés dans la marmite dès la naissance. Ainsi, Paul qui était citoyen romain s’est servi de ce titre pour sortir de prison, pour en appeler à César et aller à Rome afin d’être jugé par lui. En devenant chrétiens, des grecs et des romains ont été mêlés à la politique par le seul fait de se constituer en ecclésia (assemblée). Leurs prises de position, par rapport à l’idolâtrie, au culte de l’empereur leur ont valu une persécution populaire (Cf Démétrius l’orfèvre) puis celle de l’État.

Notre soumission aux autorités, notre crainte des juges et de la police sont directement prescrits par l’Écriture. Notre constitution en association, l’exercice que nous faisons ou pas du droit de vote, notre lecture des journaux, nos publications, la rédaction de cet article sont des actes politiques.

Le fait de vivre sur terre comme citoyens des cieux fait de nous les ambassadeurs d’un royaume étranger et nous confère donc une fonction politique. C’est ce que constatait un auteur inconnu de la fin du IIe siècle dans sa «lettre à Diogène».

« Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays ni par le langage ni par les vêtements. Ils n’habitent pas de villes qui leur soient propres, ils ne se servent pas de quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n’a rien de singulier. (…) Ils se répartissent dans les cirés grecques et barbares suivant le lot échu à chacun; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle. (…) Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveaux nés. Ils partagent tous la même table mais non la même couche. Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur terre, mais sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies et leur manière de vivre l’emporte en perfection sur les lois.»

En fin de compte, la compatibilité entre christianisme et politique est une question profondément personnelle. Il est important que chaque individu examine attentivement sa propre conscience, ses convictions religieuses et sa compréhension des responsabilités civiques avant de décider de s’engager ou non en politique. Une telle réflexion devrait être ancrée dans la prière, la recherche de sagesse et la consultation de sources pertinentes, telles que des textes théologiques, des enseignements ecclésiastiques et des opinions d’experts en la matière.

En résumé, la capacité d’un chrétien à faire de la politique dépend de nombreux facteurs personnels, culturels et théologiques. Il n’existe pas de réponse universelle à cette question, mais il est essentiel pour chaque chrétien d’aborder cette question avec sagesse, discernement et responsabilité.

La rédaction

By Aristo